Commençons directement par la conclusion: le monde du silence n'est pas un documentaire sur les fonds marins. En 1955, ça l'était sûrement, mais aujourd'hui, on a mieux et heureusement.

Le monde du silence n'est pas non plus un film écologique, loin de là. Dynamitage de coraux, charcutage gratuit de requins et humiliation de tortues, entre autres.
Évidemment, le fait que le film date de 1955 n'excuse pas tout, encore moins le doublage petit nègre ridicule d'un indigène de passage, mais il faut quand même bien rappeler que Cousteau s'est largement rattrapé par la suite et s'est même excusé pour certains passages de son film.
Dit comme ça, ça rappelle vaguement un certain tintin au congo qui, bien qu'avec plus de 20 ans d'écart, fait preuve de la même cruauté envers les animaux (en encore plus hardcore ceci dit) et cette condescendance colonialiste envers le peuple africain. Et là aussi, Hergé se rattrapera largement par la suite.

Oui mais voilà, vous me direz: pourquoi 7 avec un petit coeur au monde du silence, et pourquoi 4 à tintin au congo ? Et là on rentre vraiment dans ce qui, à mon sens, fait tout l'intérêt de ce film: l'aventure !

En effet, Cousteau et Louis Malle, font de ce qui se présente comme un "simple" documentaire, un grand film d'aventure dont les héros ne sont autres que la Calypso et son équipage. Dès lors, peu importe si les scènes de dialogues sonnent faux, si on s'attarde peut être un peu trop sur Jojo le mérou, ou encore si la plupart des situations qui nous sont montrées ne sont que pure mise en scène.
On en prend plein les yeux et c'est tout ce qu'on demande; là où, dans tintin au congo, on ne fait que suivre les périples improbables d'un reporter vieille France dans un dessin qui manque encore d'assurance. (et paf, 2 critiques en 1, pro-duc-ti-vi-té !)

Bref, Cousteau fait de la réalité un grand spectacle, tel le bon grand père qui raconte ses exploits de jeunesse à ses petits enfants. Il en rajoute sûrement, arrondit pas mal les angles, mais c'est fait avec tant de passion qu'on fait comme si de rien était.

(Bon, par contre, 1956 c'était l'année de the searchers, donc la palme d'or est complètement volé par Cousteau.)
junebug
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le 11 juil. 2012

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