Good work. You just sneezed away the plot.

Et voici une nouvelle adaptation devant fond vert (get it? get it?) d'un classique de la littérature par Disney ! Voilà ce que j'en ai pensé...

Visuel.

Oz the Great and Powerful est indéniablement superbe. Emerald City est splendide et resplendit d'Art déco, en ligne directe avec le film de 1939 (http://www.senscritique.com/film/Le_Magicien_d_Oz/374386). Superbe nature, aussi. C'est Oz. On a envie d'y aller. 3D sympa, mais passé le générique qui l'exploite super bien on s'en fout un peu. Quelques fonds vert qui font grincer des dents, mais peu dans l'ensemble (ça n'a d'ailleurs pas du être facile pour Franco qui a du passer une bonne partie du tournage seul devant des fonds vert). Jolis clins d’œil au film de 1939 (dans la limite des droits) avec l'intro en noir et blanc (et 4/3) ou la Yellow Brick Road qui commence en spirale dans le village, ou la Wicked Witch verte (oui, elle ne l'est pas dans le livre), ou encore les personnages du monde réel étant repris sur Oz, parfois visuellement, parfois juste la voix. Mais ce dernier point s'arrête au niveau de l'hommage car il n'a pas de sens ici, car le film de 39 présente Oz comme un rêve de Dorothy, justifiant les similitudes entre les personnages d'un monde à l'autre. Ici le monde de Oz est bien réel.

Acteurs et personnages.

J'apprécie Mila Kunis entant qu'actrice de qualité moyenne, mais elle n'a rien a faire là ; un fameux miscast pour Theodora la Wicked Witch. N'y avait-il pas mieux pour incarner la version jeune d'un personnage aussi culte? Bon choix pour James Franco pour Oz, son côté loser pothead convenait bien au personnage, lui donnant l'opportunité de devenir courageux. Je ne sais pas si ça aurait fonctionné avec le Robert Downey Jr. devant jouer Oz à l'origine. Rachel Weisz en Evanora était potable, mais pas aussi incontournable que je peux le lire souvent dans d'autres critiques. Michelle Williams un peu molle et fadasse fait bien Glinda la fée, et surtout elle est plus bonne que jamais! D'une manière générale, je les ai trouvés plutôt mal dirigés ; ils ont parfois des attitudes et réactions faciales qui jurent avec ce qu'il se passe. Deux sidekicks réussis mais sous-exploités, aussi. Quoique China Girl, la poupée en porcelaine était un peu chiante, mais le singe Finley bien méritait plus d'attention! "J'en veux un", "Soooo cute", etc., comme diraient les gonzesses.

Histoire.

Le film souffre de "prequelitis" aiguë en voulant le plus possible se relier au film de 1939 sans pour autant utiliser les éléments inédits dont Disney n'a pas eu les droits (la chanson "Somewhere over the Rainbow", la pustule sur le nez de la Wicked Witch, les ruby slippers change de couleur argent à rouge, etc.). Et surtout en n'étant pas particulièrement cohérent tout en voulant à tout prix être fidèle, au lieu de faire un film plus à part entière qui se tient. Comme toute préquelle qui se respecte, même si on est censé pouvoir la voir avant le film dont elle est la préquelle, le film est largement destiné à un public ayant vu le film de 1939 (sans pour autant y être vraiment fidèle, à la Star Wars) ; à mon avis on n'en profiterait pas autant - et je ne pense pas que ce soit un mail, il fait juste partie de ces films dont on ne peut pas profiter sans connaître ce qui a déjà été fait avant (livres si adaptés, films précédents si suite/prequélle/reboot, etc.). Donc ceux qu'ils sont allés voir Oz sans avoir vu l'original, tant pis pour vous! Vous n'avez pas d'excuses, il est sorti il y a 75 ans et est trouvable en DVD dans les grandes surfaces à même pas 10€! Fin de la parenthèse "préquelle". Je reprends, donc... La trame du film est donc un peu faible sans pour autant être ratée, une grosse tache étant le rôle des femmes : 3 gonzesses attendant la venue d'un homme pour faire à nouveau régner l'ordre en se contentant de subir bêtement les événements, et la Wicked Witch qui devient méchante et verte soudainement juste après un amour d'une journée ayant mal tourné (sans oublier sa tronche qui fait plus penser à The Mask qu'au premier Oz). Je ne suis ni misogyne ni féministe, mais là je trouve que le rôle des femmes est un peu minable. Aussi, je n'ai pas apprécié par principe les louanges faites à Edison par Oz, il aurait du les faire à Tesla !

Alice de Burton ?

On peut le comparer au Alice de Burton sauf que ce dernier était glauque et pas très beau (Burton peut faire du glauque et beau mais ce n'était pas le cas pour Alice), alors que celui-ci est super beau et coloré, ce qui m'a vraiment plu et correspond à la fois à ma vision de Oz et à celle du film de 1939 ; on s'y croirait!... La comparaison avec Alice est bien sûr justifiée, ce sont en effet les mêmes personnes qui se sont occupés de la direction artistique (notamment Robert Stromberg, qui adore les esthétiques rétro à tendance Steampunk/victoriennes). Alice est une suite, celui-ci et une préquelle, en caricaturant on aurait même pu flanquer Depp pour Oz, Helena Carter à la place de Weisz et Wymona Rider à la place de Williams, tant ces personnages et acteurs sont interchangeables. Mais voilà, ce n'est pas un Burton, et je ne regrette pas de ne pas avoir vu Depp à nouveau dans ce genre d'univers... Mais ce n'est pas vraiment un Raimi non plus (quoi, Bruce Campbell a un caméo? No way?!), qui fait du Hollywood typé depuis belle lurette.

En résumé...

Le scénario limite et la beauté du film donnent au final un film moyen, mais plaisant. Si vous avez aimé le Alice de Burton, vous aimerez ce Oz - peut-être même plus que Alice. Et si vous n'avez pas vu l'original, voyez-le d'abord. Il est superbe et n'a pas trop mal vieilli. C'est aussi une superproduction, mais avant tout un film couleur de 1939 (du vrai Technicolor, pas du colorisé dégueu à la Apocalypse), et ça vaut le détour!... D'ailleurs s'il était sorti aujourd'hui, il serait sûrement en 3D, car il était au top de la technique à l'époque, ce que la 3D prétend être aujourd'hui. Et tant que vous y êtes, voyez la suite du premier film, Return to Oz (http://www.senscritique.com/film/Oz_un_monde_extraordinaire/459810). Des trois films majeurs, c'est le plus fidèle aux bouquins.

Au cas ou, le titre de ma critique, "Good work. You just sneezed away the plot." est une référence à la phrase "Good work. You just sneezed away the plan.", et comme je suis extrêmement fin et subtil, je l'ai remplacé par "plot", l'intrigue quoi, comme si le singe Finley avait éternué dessus... (sans vouloir spoiler, hein!)