Suite au succès d'Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton, qui était pour ceux qui n'ont pas suivi une suite à l'histoire originale, Disney a vu un filon à exploiter : celui de la réinvention des histoires pour enfants. Ainsi un projet autour de la Belle au Bois Dormant mais du coup de vue de la sorcière va voir le jour avec Angélina Jolie dans le rôle titre. Un autre univers s'y prêtant était tout naturellement celui du Magicien d'Oz.
L'histoire est à l'origine un bouquin pour enfants paru en 1900 et écrit par L. Frank Baum dans lequel une jeune fille, Dorothy, se retrouve prise dans une tornade pour finir sur dans le monde merveilleux d'Oz. Elle va aller demander de l'aide au magicien qui dirige le royaume pour l'aider à rentrer chez elle et croisera plusieurs personnages sur sa route dont une méchante sorcière qui cherchera à la tuer à plusieurs reprises. Et on y apprendra que le magicien est en réalité comme elle un humain dont la montgolfière a été également prise dans une tempête.
Le Magicien d'Oz a été adapté plusieurs fois au cinéma mais la version la plus célèbre reste celle réalisée par Victor Fleming avec Judy Garland dans le rôle de Dorothy. C'est de ce film que vient d'ailleurs la fameuse chanson Somewhere over the Rainbow.

Dans l'optique, donc, de prendre l'histoire originale pour raconter autre chose, Le Monde Fantastique d'Oz raconte l'arrivée du magicien et son accession au trône. Il y avait tous les éléments dans le livre d'origine : le magicien, qui s'appelle Oz comme le pays, est un humain pris dans une tornade de la même manière que Dorothy. Et comme la jeune fille de l'histoire d'origine, il arrivera non sans mal au bout de sa quête. La différence, c'est qu'elle veut rentrer à la maison alors que lui s'enfuyait : il n'a en effet rien d'un magicien au sens féérique du terme. Il n'est qu'un simple prestidigitateur, amusant les foules grâce à des tours de passe passe et des gadgets planqués dans des manches.

Le scénario reprend donc des éléments de l'histoire originale : des personnages, forcément, mais la notion de quête semée d'embuches est toute aussi présente ainsi que les rencontres avec des personnages spéciaux. Une petite fille en porcelaine et un singe ailé seront les compagnons de route d'Oz mais il croisera aussi le fameux lion peureux. Et autour de lui, gentille et méchantes sorcières viendront se placer sur sa route vers le trône qui lui est du, suite à une légende.
Quand on connait l’œuvre de Baum, on est donc forcément en terrain connu sans l'être. Et de la même manière que le bouquin, la tonalité est très enfantine. Ici, pas de double lecture, pas de véritable surprise ni de twist final. On devine où les scénaristes ont voulu emmener le spectateur. La gentille sorcière est jolie, blonde et possède une baguette lumineuse. La méchante est laide, son nez est crochu et elle vole sur un balai en ricanant.

On pourrait donc reprocher ce classicisme proche du conte de fée de base au film. Pourrait au conditionnel car Le Monde Fantastique d'Oz est sublimé par la mise en scène de Sam Raimi. Nul doute que dans les mains d'un Burton, on aurait eu un ersatz d'Alice sans saveur. Mais le réalisateur à qui l'on doit la virevoltante trilogie Spider-Man (ne râlez pas sur le troisième film, et regardez la mise en scène de la scène de la grue) s'en donne à coeur joie. Oz est visuellement sublime, un monde enchanteur qui parvient malgré son univers magique à ne jamais sonner faux.
Coloré, beau sans jamais vouloir trop en faire, le film bénéficie d'une mise en scène soignée et d'une 3D au top, entre plans larges profonds et scènes donnant au spectateur l'envie de bouger la tête pour éviter les projectiles.
Mais Sam Raimi n'est pas qu'un excellent metteur en scène. C'est aussi un conteur hors pair qui parvient, notamment grâce à quelques passages très drôles, à impliquer le spectateur dans son histoire sans qu'il ne s'ennuie jamais et ce, tout en sachant bien qu'il était en terrain connu.

A la manière de Martin Scorsese et de son Hugo Cabret, il se sert également d'Oz pour rendre hommage au cinéma notamment grâce à une longue scène d'introduction tournée en noir et blanc et en 4/3 mais en 3D ! Il utilisera également le cinéma d'une autre manière dans son histoire, comme une arme. Comme pour montrer que son arme à lui, c'est le pouvoir de raconter des histoires. On en dira pas d'avantage. Mais ce qui est sûr, c'est qu'en partant d'une histoire qui aurait pu être toute basique, Sam Raimi livre un film juste très beau. Et donne tout son sens à la fameuse expression "magie du cinéma".
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le 5 mars 2013

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