S'il m'est bien difficile de comparer le film aux autres longs-métrages de Sam Raimi, en raison d'un certain manque de connaissance de ma part de son oeuvre, "Le Monde Fantastique d'Oz", en revanche, ne dupera personne sur son incroyable ressemblance avec le "Alice au Pays des Merveilles" de Tim Burton : ici, trois sorcières (une de plus que chez Burton) cherchent partiellement à régner sur le pays d'Oz (le pays des merveilles). L'une est toute de blanc vêtue et gentille (la Reine Blanche) et vit avec un peuple paisible. Les deux autres, sombres et plus réservées ont de plus sombres desseins (la Reine Rouge et le Valet Rouge), dont la cité qu'ils habitent sont gardés par une horde de grands gardes farfelus (les soldats cartes). Quand arrive le magicien de pacotille Oscar Diggs alias Oz (Alice, pensant qu'il s'agit de son premier voyage), le pays est tout chamboulé. Il se fera bientôt aidé par un petit singe volant (le Chapelier Fou) pour accomplir sa tâche.

Ce petit jeu des différences, s'il n'est certes et heureusement pas le sujet principal de la vision du film de Raimi, sonne tout de même comme une revisite inévitable et d'un univers particulier mais finalement peu novateur. Alors oui, Sam Raimi sait y mettre les formes. Il met en scène un univers coloré et plutôt joli, riche de détails et de grands espaces de contes de fées presque oniriques et ne lésine jamais sur les effets spéciaux quand il en a besoin. Dans certains cas, cette débauche de moyens donne au film ses meilleures scènes, notamment dans les trente dernières minutes, assez splendides et réjouissantes, constituant sans doute la meilleure séquence du film. Autrement, c'est hélas cette sensation que le budget emboîte le pas à l'art de la mise en scène qui se fait le plus ressentir.

Peu aidé par un scénario incroyablement plat, le film de Raimi finit par s'embourber dans une succession de scénettes où se fait plus que jamais sentir la présence du fond vert en arrière plan.
Étonnamment surjoué malgré le charisme des comédiens, "Le Monde Fantastique d'Oz" ne semble par ailleurs jamais exploiter totalement la richesse de son univers, le script se contentant de faire avancer son intrigue par tableaux d'une façon bien trop mécanique sans jamais creuser son background. Ainsi, le personnage de Oz n'évolue alors qu'en autarcie, et son manque total d'interactivité avec le monde fantastique qui l'entoure s'avère bien décevant pour qui le joli plan séquence de l'arrivée de Oz dans ce beau pays était une sorte de promesse prémice de toute la magie potentielle à venir.

Le spectacle n'est certes pas déplaisant, mais deux heures dans un feu d'artifice continu qui tente de cacher la pauvreté de son histoire malgré la morale font quand même l'effet d'une overdose de couleurs se muant en mal de tête désagréable, ne prenant fin qu'au baiser final inévitable mais nécessaire, tel le conte très (trop) enfantin qu'il est, qui s'amuse même à revisiter "Harry Potter" avec une Glinda apparaissant tel Voldemort dans une forêt sombre et même "Star Wars" avec une Evanora se prenant pour un seigneur Sith digne du comte Dooku. Amusant, mais futile.
Sympathique, mais inoffensif.
martinlesteven
5
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le 14 mars 2013

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Marty Lost'evon

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