Tous les wonder-boys du cinéma fantastique apparus dans les années 80 sont-ils désormais tenus - ou voués - à proposer leur relecture numérique (et un brin niaise) des grands classiques de la littérature fantasy ?
Après Peter Jackson et son immersion chez Tolkien (réussie pour le coup), Tim Burton et sa glaciale "Alice aux pays des merveilles", c'est donc Sam Raimi qui cède aux appels de Disney pour faire cette préquelle du Magicien d'Oz tout ce qu'il y a de plus dispensable.
Certes, on ne peut pas lui demander non plus de refaire "Evil Dead" dans tous ses films (surtout qu'un remake qu'on attend avec angoisse est annoncée pour le mois prochain) et lui reprocher d'aller, lui aussi récupérer quelques dollars du côté d'Hollywood. Mais jusqu'ici Raimi s'était toujours sorti honorablement des blockbusters (livrant même, avec Spiderman 1 et 2 parmi les meilleures adaptations de comics à l'écran), et surprenait avec des petites séries B sympathiques (le dernier "Jusqu'en Enfer" ou "Intuitions").
Cette fois, le virage est plus difficilement négocié. Ou, plutôt, plus raide. Aimable divertissement familial, ce Monde fantastique d'Oz n'est pas dénué de qualités. Il se montre déjà assez respectueux de l'original de Fleming, pour en proposer la préface et ramener une faune hétéroclite à base de singes ailés et de poupée en porcelaine qui parle. Il livre également une réalisation très pro et très propre. James Franco est assez séduisant en prestidigitateur gentiment escroc et dragueur compulsif (à la boîte à musique de sa grand-mère...) et tout cela se laisse regarder sans déplaisir. Un petit conte convenu, plongé dans la guimauve, aux couleurs acidulées et délicieusement kitsh, dont la seule idée un peu originale est cette ode finale à la magie du trucage et du cinéma comme réponse à l'oppressante dictature...
On pourra y voir une métaphore de résistance ou le dernier souffle avant reddition. Et se rappeler avec nostalgie de l'imagination débordante dont Sam Raimi faisait preuve dans une cabane au fond des bois, avec quelques prothèses, des litres de faux sang et une caméra virevoltante.
danielmuraz
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le 9 avr. 2013

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