Le Monde fantastique d'Oz par Orian Gissler
Dans la vie (d’un cinéphile), les plus grosses déceptions ne proviennent que rarement des plus mauvaises filles (films). Ils proviennent de ceux qu’on attendait avec une grande impatience, un peu comme sa Barmitsva. Oz faisait partie de ceux-ci à mes yeux. C’est un monde légendaire, que beaucoup adorent, et le casting réunissait beaucoup de jeunes acteurs talentueux, James Franco, Mila Kunis ou encore Rachel Weisz (personnellement, j’étais sûr et certain que c’était Anne Hattaway, c’est chaud d’être obsédé à ce point, bref elle est de très loin la meilleure dans ce film). La bande-annonce m’avait annoncé un film bardé d’actions, et en plus avec effets spéciaux digitaux, écran 3D, etc… j’avais eu la chance de le voir en dernière séance, pas un rat dans la salle, je m’apprêtais à passer 130 minutes de pur bonheur.
C’est à cause de cette attente qu’Oz est pour longtemps ma plus grosse déception de l’année. Ce n’est clairement pas pour autant un mauvais film, mais c’est un film dans lequel on aurait pu légitimement placer de grandes espérances et qui n’arrive pas à les soutenir convenablement. Le film a un mauvais point central qui aurait pu passer si on n’avait pas parler des aventures d’un magicien légendaire : il manque cruellement de magie, de féérie, d’enchantement.
En terme de réalisation, on n’arrive pas à vivre à l’intérieur de l’aventure, comme certains films d’aventures, cf le Hobbit, sont capables de nous y transporter. J’ai vraiment senti que j’étais spectateur du film, prisonnier de ma place, incapable d’aller au-delà du rôle qui m’avait été attribué au départ. J’ai donc assisté à cette aventure légendaire revisitée, souvent surjouée, avec une débauche d’effets spéciaux nuisant cruellement à la compréhension du spectateur même si force est de constater qu’ils sont grandioses, mais également avec un manque cruel d’explosivité, de batailles épiques et légendaires. Certes, c’est l’intrigue qui le demande puisqu’Oz est un personnage extrèmement faible en bataille rangée, mais tout de même… on est loin par exemple du Alice au pays des merveilles de Burton. Il faut savoir transgresser l’œuvre pour donner du plaisir au public, Mister Raimi.
On se demande donc du coup si les rôles de Kunis et Franco sont volontairement plats et niaiseux, ou s’il y a une sorte de trame cachée que l’on doit comprendre, qui explique que des acteurs aussi complexes et profonds (cf Franco dans Springbreakers, Kunis dans Ted) ne puissent pas se sortir d’un carcan préétabli par une sous-troupe régionale berrichonne de l’académie française. Bon à mon avis, il n’y en a pas, mais si vous êtes optimistes de nature, pourquoi pas.
Je vous ai trouvé une liste de synonymes pour caractériser votre sentiment à l’issue de deux heures de magicien d’Oz : mouais, moyen, bof, ça va, sans plus, on va boire un verre maintenant qu’on a fini de se faire chier, la prochaine fois je choisis le film, la prochaine fois on ira voir Superman…
Résumons, Oz est un bon film fantastique, solide dans la platitude, équilibré dans la tranquillité de l’histoire, mais énorme au niveau visuel. Certaines scènes sont de véritables claques. Ca aurait pu être le plus grand téléfilm de l’histoire sans problèmes. A 215 millions de dollars de budget, c’est juste une tristesse cinématographique rare. Du coup, l’avoir vu au cinéma passait encore, mais je doute fortement qu’il passe l’épreuve du petit écran.
La moralité : Certaines histoires semblent intéressantes sur le papier, quand le gentil magicien les raconte. D’ailleurs je suis sûr qu’un film sur Mandrake, ça le ferait aussi. Mais en fait le magicien a vraiment eu des aventures de merde, donc soit on invente une nouvelle intrigue, soit on se fait chier. Et là ils n’ont rien inventé.
La mention du critique : A Rachel Weisz, pas la plus connue du lot, elle a peut-être eu la chance de tirer le personnage le plus intéressant de tous, mais en tout cas elle dégage un charisme énorme dans son rôle de méchante perfide trahissant à qui mieux-mieux tout ce qui bouge.