Le monde fantastique du Cinéma

[Je réponds, pour le coup, à Estoun/Stella. Sa critique est lisible ici.]

Je ne comptais pas franchement écrire sur le film mais ma différence de point de vue avec Stella est telle que je me dois d'expliquer pourquoi j'ai aimé ce film qui l'a ennuyée.

L'ouverture du film en noir & blanc, dans un format que l'on ne rencontre plus de nos jours, annonce clairement la couleur (sans mauvais jeu de mot). Oscar vit dans ce monde sans couleur où il tente, tant bien que mal, d'émerveiller son maigre public avec ses tours de magie dans un cirque. Oscar, en plus d'être magicien, est le tombeur de ses dames. Ne tarde pas à lui tomber sur le dos, le compagnon de l'une de ces demoiselles qui s'est laissée butiner. Fou furieux, l'homme cocu poursuit Oscar qui n'a d'autres solutions que de prendre la fuite en montgolfière.

Comble de malchance, Oscar est emporté dans une tornade qui va le transporter dans un monde tout en couleur, comme il n'en avait jamais vu auparavant, peuplé de créatures étranges, de sorcières, de nains et autres personnages magiques.
L'arrivée d'Oscar est prise comme la réalisation d'une prophétie, celle du Magicien d'Oz qui viendra du ciel pour rendre au pays d'Oz ses couleurs et sa magie d'antan.

Bien sûr, Oscar, contrairement aux sorcières qui vivent à Oz, n'est pas un véritable magicien dans le sens où il ne dispose pas de pouvoirs magiques. Comment va-t-il faire pour vaincre les deux méchantes sorcières et libérer la cité d’Émeraude de leurs influences ?
La réponse, ma chère Stella, est la même que l'intérêt du film : la (re)découverte de la magie des premières heures du cinéma !

Car ce n'est pas un hasard si le film commence en noir et blanc, sur une scène grotesque de la vie de tous les jours où un mari jaloux pourchasse un charlot qui s'en sort toujours. Ce n'est pas non plus un hasard si, soudain, le film se colore, change de format et si au lieu de simplement filmer des gens dans leur contexte habituel et banal, on introduit des décors fantastiques.

C'est vrai que les personnages de la méchante et de la gentille sorcière, c'est cucul mais tout comme les autres personnages, ils ne sont qu'un prétexte pour le véritable intérêt du film et du personnage d'Oz/Oscar : comment duper le public (les méchantes sorcières) au cinéma (dans le monde d'Oz) avec des effets spéciaux (avec du bricolage, des jeux de sons, de lumière, de la pyrotechnie, bref, avec des effets spéciaux).
Pour ce qui est de Oscar/James Franco, s'il sourit tout le temps, c'est que son métier est de tromper les gens. Il se doit de les endormir, de leur faire croire que tout va bien

Brillant hommage au cinéma que nous livre Sam Raimi en empruntant un classique de la littérature et du cinéma, le Magicien d'Oz. Brillante adaptation de ce réalisateur génial qui a su utiliser les codes de l'univers d'Oz sans en en détenir les droits. Faut quand même en avoir dans le slip pour proposer un prequel à une œuvre pareille tout en se faisant plaisir !

Pour ce qui est du jeu des personnages, là encore, on est dans un monde imaginaire avec des codes bien spécifiques. Glinda la gentille sorcière se doit d'être gentille, simplement gentille. Les méchantes sont méchantes. Point. On ne se compliquait pas avec la psychologie des personnages parce que ça n'avait pas spécialement d'intérêt à l'époque. Il fallait surtout émerveiller par les images, les trucages, le féerique.

Là dessus, il faudrait que tu regardes Hugo Cabret qui est, lui aussi, un film rendant hommage à un grand monsieur du cinéma, Georges Méliès. D'ailleurs, je trouve ça formidable : les Français sont toujours en train de se toucher le wiwi, se congratulant de leur "exception française" et qui fait un film hommage à l'un de nos grand monsieur du cinéma, le Français qui a lancé les effets spéciaux ? Un américain ! Well done guys !

Bref, Oscar, c'est à la fois une incarnation du Cinéma (noir & blanc qui progresse vers la couleur avec effets spéciaux) et de Georges Méliès (qui se produisait au départ dans des cirques avant de montrer ses films sur des écrans).

Ce film casse des culs putain !

(Allez, au dodo !)