Difficile de reprendre la suite d’un premier opus glorieux en de nombreux points ! Steven Spielberg tente bien que mal de ne pas sombrer dans une redite. Il y parvient, mais en négligeant certains aspects qui faisaient la force de Jurassic Park. Pas de surprise à l’arrivée, on ne peut pas toujours matcher la bonne intention et la satisfaction…


On retrouve donc le docteur Ian Malcolm (Jeff Goldblum), accompagné de Nick Van Owen (Vince Vaughn), pour une nouvelle aventure en terres hostiles. Ils ne sont plus les messagers et protecteurs des animaux que nous avons découvert en Alan Grant (Sam Neill), malheureusement absent du volet. Bien que l’intrigue poursuive sur cette même logique, où l’homme cherche à confirmer sa place dans la chaine alimentaire, on ne valorise plus autant l’aspect protecteur. On vire dans le rouge, dans l’hémoglobine, la chair et l’excès. On virevole entre la zone tropicale et la zone urbaine tout en rythme et en humour. La splendeur n’est plus modérée, et seuls ceux qui s’attacheront au spectaculaire que propose ce second volet seront comblés.


Ce qui inquiète surtout, c’est bien évidemment l’écriture qui se laisse entrainer par une facilité déconcertante. Au-delà de la fiction, des incohérences au niveau humain sont vraiment absurdes. On pourrait toutefois admettre le côté réaliste, mettant en avant que la paresse et la conscience humaine ne sont régies que par des pulsions de curiosité. Mais pas une seconde on y croire devant des arguments inaboutis. On contemple ces scènes qui ne se raccordent que par nécessité et on devient sceptique. L’élégance d’un monde ancestral prend alors de mauvaises teintes, alors qu’il entrevoyait d’assumer à pleine bouchée son potentiel meurtrier.


Ce qui n’est pas totalement mort reste la patte du réalisateur à contextualiser son récit. On ne trouvera pas mieux en termes d’introduction. Il mesure tout à fait l’étendu d’un long plan afin de mieux proposer une immersion. On se sent tout de même impliqué et étouffé dans l’affaire. A partir du moment où une situation isolée est en place, le cadrage nous rapproche de l’action. L’horreur, quant à lui, est souvent traitée en hors champ et propose ainsi une bonne lecture dramatique. Au plus près des « montres », au plus près du danger !


« Le Monde Perdu : Jurassic Park », en passant par l’hommage à King Kong, se détache du succès de son prédécesseur. Spielberg, en manque de rigueur et de sincérité, ne trouve pas le compromis entre le divertissement subtil et le divertissement facile. Il opte pour la deuxième option et encre ainsi son univers dans un déboire qui laisse penseur. Tout n’est pas à jeter, mais tout est à retravailler avec le soupçon de justesse dont on lui a tant vanté les mérites !

Cinememories
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le 12 juil. 2017

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