Peut-être l’un des films d’animation les plus nauséabonds et dangereux pour le jeune public qui ait vu le jour. À partir d’une intrigue minable, Le Monde secret des Emojis sature ses images acidulées de placements de produits technologiques rendus ludiques et accessibles de sorte à vanter les mérites d’application qu’un enfant ne devrait ni connaître ni fréquenter. Cette mise à mort du langage, ce gouffre de créativité ne conduisent qu’à l’abrutissement à grands coups de blagues dites cool en réalité nulles et graveleuses. Pire ! le film se saisit de la dénonciation apparente du rapport à la technologie comme ressort immersif où le simple fait de montrer du doigt la publicité fonctionne en vitrine du produit à consommer. Le spectateur est conforté dans sa passivité, on lui braille ces fameuses phrases-type « il faut être soi-même » entre deux danses programmées. Le Monde secret des Emojis est un distributeur de sérotonine high-tech rempli de conneries qui génère, en retour, un désespoir profond. Avec l’heureuse conséquence de provoquer un ultime sursaut d’humanité chez un spectateur qui, le générique arrivé, s’adresse à son voisin pour s’assurer que le cauchemar est fini. Il n’est d’ailleurs pas anodin que nos personnages n’osent franchir l’application couleur orange consacrée au cinéma qui les aurait, à coup sûr, fait disparaître pour toujours.