Le Musée des merveilles par Sébastien Picout

« MMmmmhhh ... j’ai des sentiments assez contradictoires dont je n’arrive toujours pas à trancher pour me faire mon avis global sur le film « Le musée des merveilles », je ressens à la fois de la fascination et de l’ennui aussi, malheureusement ...

Le film « Le musée des merveilles » est seulement une histoire légère et douce sur les destins perdus des enfants, l’une, la jeune fille sourde Rose dans les années 20 et l’un, le jeune garçon Ben, devenu subitement sourd, vivant dans l’époque des seventies, qui se retrouvent grâce à l’intensité interne de leur passion aux musées, malgré l’écart de 50 ans qui les sépare … Une juste belle histoire sur les parcours parallèles des enfants Rose qui fuit l’apprentissage de la lecture des lèvres, bref, de l’oralisation, qui part à la recherche de sa mère, grande actrice à New York, et Ben à la recherche de sa racine paternelle à New York aussi …

Voilà, le choix du titre pourtant très joli, qui nous laisse plein d'imaginations décalées : « Le musée des merveilles » est malheureusement déjà une grosse erreur car avec le terme « merveilles », on s’attendait beaucoup à la magie, à la féerie, au fantastique, aux rêves comme « Alice au pays des merveilles », ce qui n’est pas forcément le cas dans le film qui est un peu trop long, trop fluide à cause des dialogues assez neutres à mon goût et surtout de leur style narratif qui ne nous fait que suivre une série d’évènements sans être réellement surpris de nouvelles situations. Pendant longtemps, on se demande ce qu’a voulu nous montrer le réalisateur Todd Haynes qui aurait du approfondir en terme du scénario pour susciter en nous, plus d’interrogations et de surprises. Bref, ce n’est pas le film mmmmmaaaagggiiiqquueee ! Mmmhhh …

Par contre, ce que j’ai beaucoup aimé dans le film « Le musée des merveilles », c’est l’alternance des scènes en noir et blanc pour représenter les années 20 et des couleurs vieillies et un peu jaunies des images pour se rapprocher du cinéma des années 70. Un beau voyage dans les temps … Cette alternance est fascinante car on n’arrête pas à se demander quel rapport entre ces deux histoires parallèles et si celles-ci finissent par se rejoindre et dans ce cas, comment ça se passe ! Et, puis, j’ai bien aimé les tranches de vie des enfants, Rose la jeune fille sourde et Ben, un garçon devenu brutalement sourd car on se reconnaît pas mal dans leurs situations vécues dont il s’agit de se confronter aux problèmes de communication et de compréhension. Intéressant en quelque sorte de suivre ces petites belles histoires ! Il y a aussi une réflexion implicite sur la construction d'identité en tant que enfant sourd, en effet, Rose, la jeune fille semble avoir clairement trouvé sa voie en rejetant clairement la langue orale, en s'adaptant par l'écrit pour communiquer avec les autres, en se concentrant aussi sur la langue des signes alors que Ben, devenu soudainement sourd, est perturbé, qu'il se perd en découvrant le monde sans sons et en recherchant les moyens de communication adaptés. Ce sera un jeune garçon noir rencontré en plein New-York qui va le faire découvrir la langue des signes, plus précisément la dactylogie en LSF. Là, son identité en tant que enfant sourd commence tout juste de se germer ... Ben finira-t-il par découvrir le monde des sourds ? Allez le voir pour en savoir plus ! Enfin, j’ai beaucoup apprécié que le réalisateur Todd Haynes ait pu par moment couper complètement le son (et aussi arrêter les sous-titres ) pour nous montrer ce que perçoivent en réalité les sourds qui n’entendent pas les sons et les bruits, lorsque les personnages entendants s’adressent oralement vers eux. C’est une idée assez astucieuse pour faire confronter le public entendant face au manque du son, donc aux situations d’incompréhension ! C’est ça qui est génial pour moi ! Les jeunes comédiens Millicent Simmonds et Oakes Fegley sont extraordinaires dans leurs regards innocents, leurs émotions en tant que enfants déboussolés par leur vécu et leurs parcours !
Enfin, avec la reconstitution réussie du New-York dans les années 20 et 70, le film « Le musée des merveilles » est juste un film agréable à voir, sans plus … Ne vous attendez en aucun cas de magie ! La fin de ce film est juste touchante car on réalise assez vite le rapport entre ces deux enfants … MMhhh, pas mal sans plus ! »