Par une nuit glaciale, j’étais bien heureuse d’aller me blottir dans la chaleur du cinéma, mes mains n'ont pas eu le temps de revenir à une température correcte que le film débutait déjà.
L’ambiance glaciale et très venteuse du film, combinée aux glaçons qui me tenaient lieu de mains m’ont aidés à me sentir dans l’action.
Sans parler des magnifiques décors (et dire qu’ils sont totalement faux - mais on y croit bien plus que ce que les effets spéciaux sont capables de produire aujourd’hui), et des plans qui les magnifient.
Le sujet a de quoi surprendre et attirer notre curiosité: le charme de l’Inde, mélange de sensualité et de méditation, ses couleurs chamarrées nous émerveillent autant que les sœurs trop lisses et trop tristes nous glacent le sang.

Ce contraste est saisissant, et c’est ce grand écart qui va faire la dynamique du film, même quand il ne se passe rien, le mélange des genres nous interpelle. Et puis, en guise de catalyseur nous avons LE beau gosse de service, esprit libre, qui n’hésite pas à exiber ses longues jambes et son torse velu sous les yeux rougis des trop jeunes et prudes sœurs.
Bon il faut reconnaitre qu’il est pas mal le David Farrar, mais on sent qu’on est en 2015 et qu’à notre époque le genre de short dont il est affublé est une vraie faute de goût (sans parler de sa dégaines quand il monte sur son âne)..
Disons que les plans où on ne voit que son torse nous font croire davantage à son sex appeal.
Passé ce léger désagrément, l’ambiance du film reprend ses droits, et on aime voir les sœurs se débattre doucement pour vivre dans un univers battu aux quatres vents (d’ailleurs le vent perdu un peu de sa vigueur au fur et à mesure du film, comme pour montrer que les nones ont des soucis bien plus importants).
Une lente descente dans les Abymes de l’âme humaine, où leurs souvenirs reviennent les tirailler, un test ultime pour la vocation des sœurs, un délice pour nous bien au chaud dans nos sièges, à regarder des âmes prudes s’efforcer d’oublier qu’elles vivent dans un ancien harem, et que l’Homme est là qui les attend, comme le vide, le diable, et tout ce à quoi elles ont renoncé.

Un film plein de non dits, mais de beaux non dits, bien enrubannés dans un écrin exotique et poétique.
iori
8
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le 26 janv. 2015

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