The Intern est une comédie romantique qui ne paye pas de mine. Très classique dans la forme, remplie d'acteurs et d'actrices qui rayonnent la bonne humeur, dotée de quelques gags et de quelques romances, c'est vraiment très banal.
Mais l'air de rien, le film aborde par-ci par-là des thèmes que l'on n'a pas l'habitude de voir au cinéma : le plafond de verre, les pères au foyer, l'emploi senior, le monde des start-ups, ... L'ensemble reste gentillet, mais il n'empêche que la PDG incarnée par Anne Hathaway lance régulièrement quelques piques sur le genre au travail, reproduit inconsciemment des comportements hiérarchiques dominants, souffre de conflits vie privée - vie professionnelle et se retrouve dans une situation familiale qui reste encore plutôt atypique. Son personnage est très bien creusé.
De l'autre côté on a Robert de Niro en retraité qui crève d'ennui. L'annonce pour un poste de stagiaire senior fait ressurgir son désir de travail. Je me permets de remettre ici la citation de Diderot que j'ai placé dans ma liste de films sur le travail :
Le travail : « occupation journalière à laquelle l’homme est condamné par son besoin, et à laquelle il doit en même temps sa santé, sa subsistance, sa sérénité, son bon sens et sa vertu peut-être » (Diderot).
Le personnage de De Niro illustre parfaitement les potentiels bénéfices du travail. Avec son stage, il retrouve des relations sociales, de l'occupation (business), de la reconnaissance, de l'utilité, de la satisfaction, de la fierté, du défi, ... Dans nos sociétés, le travail est un puissant facteur d'inclusion et de satisfaction (je parle du travail en général, pas de l'emploi salarié). Son CV vidéo exemplifie à merveille ce désir de travail. Alors bien sûr, le personnage reste gentillet, pas forcément exploité à son plein potentiel. Par moments, il me fait penser à l'autiste de "Bienvenue Mr. Chance" qui ne fait qu'acquiescer, accepter toutes les tâches et répondre aux gens ce qu'ils veulent entendre. Il manque de volonté propre et n'est au final qu'un second couteau. Ses compétences passées sont trop peu exploitées, ce qui est dommage.
Autour de ces deux personnages principaux (surtout Anne), on retrouve toute une bande de hipsters start-upeux bien clichés. L'ensemble fonctionne néanmoins plutôt bien, étant donné que les seconds rôles principaux sont tous dans "la bande des stagiaires". On ne s'éparpille pas donc pas dans des personnages trop périphériques.
Pour conclure, si on retire quelques faux pas (le braquage ?), le classicisme du film, et le manque d'importance de De Niro, il reste tout de même une comédie romantique plaisante, légère mais en même temps intelligente et d'actualité.