Lorsque le fougueux Christophe Gans s'empare de la terrifiante histoire de la Bête de Gévaudan, on s'attend à voir un résultat pour le moins… spécial. Gans n'est en effet pas n'importe quel réalisateur français. Il sais aussi bien faire des films visuellement somptueux (Silent Hill) que des blockbusters français (La Belle et la Bête). De plus, le gaillard est un grand fan de cinéma asiatique et a même participé à la distribution de beaucoup de films asiatiques en France. Mais que se passe-t-il si l'on mixe ces 3 éléments avec l'un des faits divers les plus connus de France ? La réponse est pour moi inattendue : un film complètement fou qui va dans absolument tous les sens mais parvient quand même à joindre les 2 bouts, pour mon plus grand plaisir.
Plutôt que de se limiter à un simple polar, Gans mélange des tas de genres différents afin de créer une œuvre délirante et totalement inédite. Et quand je dis "genres différents", ça n'est pas exagéré : horreur, thriller, action, comédie, arts martiaux, fantastiques et j'en passe. Bref, ça va dans absolument tous les sens. Par exemple, l'une des premières scènes montre une paysanne se faire massacrer par la fameuse bête dans un déluge de violence inattendu (Gans avait engagé une contorsionniste pour le rôle, ça se comprend) avant d'être suivie par une autre scène dans laquelle Marc Dacascos démonte la gueule à des hommes travestis en femme en utilisant des prises de Kung-Fu ou je ne sais quel autre art martial. Je me suis même mis à rire de joie devant ce spectacle surréaliste et divertissant. Et le film fonctionne ainsi pendant toute sa durée. C'est hallucinant. Je me dois de mentionner en particulier la baston finale qui est peut-être la chose la plus folle que j'ai jamais vu dans un film français. Sans trop en dire, Gans a tout simple combiné le mythe de Gévaudan avec Vincent Cassel et… Mortal Kombat.
Gans n'a pas simplement refait cette histoire, il se l'ait complètement approprié en proposant une relecture plus sombre et plus ancrée dans la réalité. Il est question de théorie du complot, de religion, etc. Même la fameuse bête a droit à un lifting total. Son design pour le moins original va de pair avec l'esprit du film (ce dernier ne révèle d'ailleurs jamais concrètement la réelle nature de la bête). Mais aussi joli et original que soit l'aspect de la bête, le film se casse un peu la gueule lorsqu'elle apparait pour la première fois à l'écran, dans toute la glorieuse laideur de ses effets spéciaux du début des années 2000. Franchement, c'est navrant à voir, mais il fallait s'y attendre : pratiquement tous les effets spéciaux de cette époque étaient moches. Le film perd aussitôt de sa finesse et se met à ressembler à une étrange série B, et ce juste à cause d'effets spéciaux dégueulasses (un joli animatronique a certes été utilisé durant le tournage, mais à très petite dose malheureusement).
Mais limiter le film à ses piètres effets spéciaux serait lui cracher à la figure. Tout est techniquement réussi. La photographie est splendide (le rouge, le vert, tout contraste et vous saute à la figure), les plans sont magnifiques et la chorégraphie des combats est impressionnante et parfois très brutale (dommage qu'il y ait parfois trop de coupes). Le casting est quant à lui au poil (ahah, "au poil", la bête, très drôle). Après tout, on ne dit jamais non à un Vincent Cassel ou à une Monica Belluci. Mais les meilleures surprises du casting resteront tout de même Bernard Farcy (que je voulais voir gueuler "Alerte générale !" pendant tout le film) qui campe un ignoble intendant et la jolie Emilie Dequenne qui est absolument adorable dans son rôle de gente demoiselle.
Le Pacte des loups, c'est un film comme on n'en verra plus dans le paysage du cinéma français. C'est audacieux, c'est divertissant, c'est flippant, c'est spectaculaire et surtout ça va à l'encontre des normes. Et même si sur le papier cette œuvre est plutôt stupide (un Indien qui fait du Kung-Fu en campagne française, carrément), on ne peut qu'être fasciné par l'inventivité et la passion de Christophe Gans pour ce projet. C'est franchement rafraichissant et vaut la peine d'être regardé. Voilà longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied devant un tel genre de film. Merci Christophe !