Autant le dire tout de suite, je pense qu'il ne faut pas trop attendre de cette oeuvre en dehors d'un moment correct de divertissement, saupoudré d'une large dose de fantastique un peu stupide et, je l'espère tout du moins, assumé. Si l'on supporte le jeu d'acteur tantôt correct (Le Bihan) tantôt horrible (Cassel est une merde), qu'a-t-on en face des yeux ?

Une époque historique riche en fantasmes qui réussi à être retranscrite tantôt dans un détail nuancé quoiqu'encore très grossier (costumes, croyances, situation politique, moeurs), tantôt dépeinte dans un délire hallucinatoire graphique et anachronique (le policier qui dessine des portrait des suspects juste pour les suspendre sur un fil avec des pinces à linge pour pouvoir réfléchir). On a ainsi le droit à des dîners avec la vieille maman frigide comme mortecouille, le poète raté du village, et la jeune noble à qui l'on froufrouterait volontiers la blanche fesse d'un côté, de l'autre, des scènes de baston façon Jackie Chan avec un indien qui fait du kung-fu et des villageois qui se fabriquent des griffes en métal façon Wolverine le dimanche après la messe, probablement pour oublier leur trois couches de haillons et la famine. Bon public, j'ai pris le film comme une farce mignonne, comme un roman graphique qui traiterait non pas d'une époque, mais qui plus largement grossirait les traits de la façon dont elle est perçue. Nouveau monde, révolution, croyances rurales, Ancien Régime, conspirations politico-religieuses ; baston, flingues, costumes : un peu comme si Batman croisait les Tudors.

Problème : On hésite, le film gagnant en lourdeur et en sérieux dans une seconde partie qui force le trait jusqu'à la caricature (il y a même une sorte de dague magique qui se transforme bizarrement en fouet de chaînes, j'ai rien compris), le scénario laisse supposer un peu de subtilité avant de la défoncer à coup de botte et de mousquet, le personnage cool de l'indien se met à parler aux arbres et à faire goûter la drogue de la nature à un jeune ado ; où va la France ? On s'encanaille avec la catin, on fait des allers-retours Paris-province comme un commissaire dans un mauvais téléfilm et on finit en se peinturlurant la gueule pour venger son frère et péter le nez au méchant vraiment très méchant. Hein, quoi ? Qu'est-ce que je viens de regarder là ?

Le plus gros problème du Pacte des Loups c'est de commencer en second degré maîtrisé avec un peu de profondeur et de terminer en super nanard vraiment très con. L'une ou l'autre des approches aurait sauvé le film d'une note médiocre, le spectateur que j'étais ne sachant plus très bien sur quel pied danser.

Et puis, surtout, Monica Bellucci et Vincent Cassel quoi. Merde.
Blèh
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le 20 nov. 2010

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Blèh

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