Quoi qu'en pense du film, il a permis au cinéma de genre français d'exister, en serait-ce que brièvement. Rendez-vous compte ; un mélange d'Angélique, de film d'action HK, d'aventures, de western, de giallo et le tout entièrement en français, faire plus de 5 millions d'entrées ? Des années plus tard, ça semble même du domaine du rêve, tant le cinéma de genre français est redevenu moribond.
Le pacte des loups est un film de Christophe Gans, véritable cinéphage de la première heure qui avait fondé les revues Starfix et le magazine HK, avec comme idée celle de défendre le cinéma de genre. Des années plus tard, il s'attelle lui aussi à la réalisation, et à cette grande entrerprise. Son premier film était l'adaptation live du manga Crying Freeman, de fort bonne facture.
On y sent la passion sincère de Gans pour son sujet, et la volonté manifeste d'y mettre tout ce qu'il peut comme influences cachées ou non. Il en résulte un film protéiforme, peut-être trop lourd par le mélange multiple des genres, mais il y a une telle pêche, et comme je le disais, on ne voit pas ça tout les jours en France.
Les influences sont trop nombreuses pour être citées, mais elles restent au fond assez discrètes et permettent au film de vivre par lui-même et de raconter sa propre intrigue (inspirée du loup du Gévaudan).
Je n'avais pas revu le film depuis bien longtemps. Même si j'y retrouve des choses parfois énervantes (Samuel Le Bihan, les dialogues souvent Z, la créature...), je suis quand même emporté par cette fougue, que l'on retrouve notamment dans la scène inaugurale où deux hommes, couverts de la tête aux pieds, viennent d'on ne sait où et mettent la patée aux méchants. Rien que là sont convoqués le Western et le cinéma de Hong Kong.
Ca puise aussi dans les jeux vidéo, avec des clins d'oeils à Tomb Raider, Turo, voire Soul Calibur.
Il y a également le montage de David Wu qui est très réussi, et assez osé de par sa manière de casser le rythme des scènes d'actions, comme des arrêts sur image ou des plans qui ralentissent et accélèrent dans le même cadre.
Le mélange des genres ne plait pas à tout le monde, mais moi ça me fait jubiler de voir du Kung Fu dans le Périgord du XVIIIe siècle, avec ce personnage improbable de l'indien.
Très bien interprété par Mark Dacascos, il est celui qui donne son âme au film et représente quelque part la Vérité de l'histoire, car le fait qu'il soit indien lui donne un lointain détachement par rapport aux histoires avec les hommes, mais il est plus proche des animaux.
On peut parler d'un film monstre, peut-être trop ambitieux (quoique les moyens sont là), trop gavé de ses propres influences ? Probablement, mais quand je vois ça, et que je me dis que c'est français, j'applaudis des quatre mains !
Car aujourd'hui, on dit que les films d'auteurs, c'est deux personnes dans une pièce, mais qu'est-ce que le cinéma de genre en 2013 ? Du gore, du gore, et parfois aussi du gore !
2001, ce n'était pas aussi loin que ça, et ça parait être une éternité quand on voit ce que le cinéma de genre est devenu.