Le film est une adaptation du fameux roman de Patrick Suskind, Le parfum. Ce roman raconte l'histoire d'un enfant, Jean-Baptiste Grenouille, né en 1738 à Paris, sur le marché aux poissons du cimetière des Innocents. Abandonné à son sort à la naissance, il s'élève comme il peut et se nourrit de détritus. Il sort de sa condition misérable grâce à deux dons, qui sont autant des qualités que des défauts, celui d'avoir un odorat anormalement développé, l’autre de n’avoir aucune sensibilité.


Il met le premier au service de son ascension sociale, se faisant embaucher par un parfumeur (remarquable Dustin Hoffman) qui lui apprend tous les secrets de son métier avant qu'il ne l'assassine sans scrupule, avant de parvenir à Grasse, capitale européenne du parfum, où il devient un parfumeur renommé.


Mais sa passion pour les odeurs (plus que pour les parfums) le poussera à devenir un monstrueux serial-killer avant la lettre et, de héros adulé, il deviendra une victime-expiatoire honnie de toute une population.


Mon opinion sur ce film


J'attendais beaucoup, peut-être trop, de cette adaptation du chef d'œœuvre de Patrick Süskind. J'avais bien pensé que l'exercice serait difficile, voire impossible et, hélas, j'avais raison. C'est toujours une gageure, rarement réussie, de tenter d'adapter au cinéma un chef-d’œuvre de la littérature, et "Le parfum" de Suskind, est un roman génial. Ce livre est un véritable ovni littéraire. Mêlant un style exceptionnel et un polar, il échappe à tous les genres. De grands metteurs en scène comme Stanley Kubrick, Ridley Scott, Tim Burton ou Martin Scorserse avaient caressé l'idée de l’adapter et y avaient renoncé. Il aurait mieux valu que Tom Tykwer, dont aucun film n'avait jusque-là été particulièrement remarqué, fasse de même.


Le film n'a gardé du roman que son aspect le plus noir, le plus glauque, le plus nauséabond et du personnage, que le côté monstrueux ce qu’on ne peut que regretter. On baigne dans la crasse du début à la fin (coup de chapeau particulier à Ben Wishaw, qui incarne Grenouille dans le film car il a dû en baver ! Rien ne lui a été épargné : du début à la fin du film, il est quasiment nu et couvert de crasse.) Heureusement que l'on n'a pas encore inventé les odeurs au cinéma, sinon tous les spectateurs auraient rendu leur déjeuner dès les premières minutes. Dans le film, l'extraordinaire talent descriptif de Süskind, qui sait, avec un talent stupéfiant, décrire l'odeur du moindre objet (y compris celui des pierres !), s'efface au profit des odeurs exclusivement nauséabondes et se noient dans une intrigue où le héros est transformé en un banal serial-killer. Le roman est tellement plus complexe et raffiné qu'il aurait méritait une réalisation plus sensible. Quant aux images complaisantes de l'orgie finale, elles confinent au grand Guignol, quelque chose que je déteste par-dessus tout au cinéma et qui met par terre, de mon point de vue, des films qui, par ailleurs, auraient été relativement réussis (je pense, en particulier, à l' Associé du diable de Taylor Hackford, avec Al Pacino et Keanu Reeves ou du grotesque Dracula de Francis Ford Coppola, dont il n’y a pas grand-chose à sauver).

Créée

le 23 oct. 2020

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Roland Comte

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