Alors que les deux premiers films devaient à eux deux compléter la saga du Parrain, Coppola se résolut, notamment pour des raisons financières, à mettre au jour un troisième film : Le Parrain : 3e Partie. Quand les deux premiers films sont généralement élevés au rang de chefs d’oeuvre, celui-ci semble quelque peu en retrait dans l’estime des spectateurs, mais tout est relatif.


Cette fois, le film s’intéresse à la vieillesse de Michael. Contrairement au deuxième film, il s’avère ici beaucoup plus sage et apaisé, ayant reconverti la majeure de partie de ses activités dans des œuvres de charité et dans la philanthropie, faisant de lui un homme respecté. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une impressionnante cérémonie où il est récompensé pour ses actes bienveillants. L’homme dangereux et tyrannique du Parrain : 2e Partie a laissé place à un homme âgé qui veut recoller les morceaux avec sa famille et se ranger avant ses vieux jours. La rédemption est d’ailleurs un des thèmes centraux du film, celle-ci allant jusqu’à prendre une forme religieuse en se présentant sous forme de confession. La foi devient un dernier abri et un moyen de trancher avec le passé. Pourtant, c’est bien avec le Vatican et de hautes instances religieuses que Michael traite pour poursuivre le développement de ses activités dans un cadre légal, mais, bien sûr, cela cache encore diverses machinations.


Le Parrain : 3e Partie a un côté très crépusculaire, avec, une nouvelle fois, des teintes chaudes, mais aussi un aspect nostalgique nourri par diverses références aux précédents films. Le vieil homme tente de recoller les morceaux, mais les déchirures du passé demeurent incurables, et le mal a déjà été fait. Cette nostalgie se ressent même dans la réalisation de Coppola, qui ne manque pas de reprendre les ingrédients qui ont fait la réussite de ses précédents films pour les incorporer dans ce troisième épisode. Une nouvelle fois, le réalisateur prend un soin particulier pour exposer ses personnages au danger, suggérer l’approche de la sentence, et parfois, même, feinter le spectateur. Si ce troisième film n’était à l’origine pas prévu, Coppola fait tout pour lui donner de la légitimité et lui apporter une touche qui permet de le rattacher aux deux autres films.


Le film cherche à montrer que nul n’est totalement honnête, que chacun est exposé à la perversion, qu’il le veuille ou non. Dans une véritable volonté de boucler la boucle, Le Parrain : 3e Partie offre un retour aux sources sur les terres siciliennes et offre un final magistral qui fait bien sûr penser à celui du Parrain premier du nom. Nouveau passage de témoin, combat contre les mensonges et la trahison, ce troisième film vient se greffer aux deux autres sans s’avérer superflu. Le Parrain : 3e Partie semble être également un hommage aux deux premiers films, autant dans l’histoire, que dans la manière dont Francis Ford Coppola réalise son film. Plus moderne, mais pas moins bon, il offre un dernier baroud d’honneur à une saga entrée dans la légende.

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le 30 juin 2017

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