Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pleuré à chaudes larmes, ému par une telle esthétique dans un film d'animation, aussi communicative dans les émotions qu'elle transmet, que j'en avais oublié l'effet que ça fait.
Il faut dire que Le Peuple Loup n'y va pas de main morte dans sa volonté de dépeindre un contexte complexe et sombre, à savoir l'Irlande du XVIIème siècle, en proie à la main mise anglaise. Face à nous, une jeune fille nommée Robyn vit une existence morne enfermée dans les murs de sa ville et espère un jour montrer à son père chasseur de loup qu'elle aussi est capable d'en tuer un de ses mains. Mais de par sa condition de fille et d'enfant, il lui est interdit de sortir dehors, tant le risque de se faire attaquer par des meutes de loups est grand... Pourtant, un jour qu'elle y parvient, suivant son père à travers bois, une rencontre inattendu l'attend.
Et si la solution pour se débarrasser des loups n'était pas celle qu'elle pensait ? Et si ces mystérieux Wolf Walkers, humains vivant parmi les loups, n'étaient pas que des légendes ?
À travers son coup de crayon, non sans rappeler de vieilles peintures médiévales à la perspective écrasée, ce film d'animation réussit haut la main son pari d'être un film à la portée des enfants comme des adultes. Les thèmes qu'il traite avec justesse ne cherche pas à infantiliser le spectateur et sont parfois aussi sombres et durs que l'atmosphère dans laquelle ils baignent : une ignorance crasse et une peur de l'autorité royale suffisent amplement à museler tout un royaume ainsi que sa culture, lui faisant oublier les pactes menés avec d'anciens mythes de la Forêt, la condition épuisante d'une jeune fille de la cour, la soumission à l'autorité...
Le Peuple Loup se drape d'une énergie visuelle incroyable, où les coups de crayons se mélangent à une aquarelle éclatante de couleurs, et où les musiques accompagnent à merveille l'ambiance celtique, à grand renfort d'un Bruno Coulais ayant déjà opéré sur plusieurs pépiteset d'une Aurora chantant un thème dont je ne peux déjà plus oublier l'écoute.
La délicatesse du trait, laissant souvent et volontairement voir les esquisses au travers des personnages, donne l'impression d'assister à une peinture vivante dont les mouvements peine à ne pas dévoiler les coulisses de leur création et l'histoire proposée en parallèle n'a rien à envier à un Miyazaki, tant il arrive à nous immerger dans un contexte où contes et légendes disparaissent comme peau de chagrin au profit de villes humaines toujours plus gigantesques.
Le vieil adage disant que "L'Homme est un loup pour l'Homme" n'aura jamais été aussi tangible que dans ce long métrage d'une beauté visuelle exceptionnelle et d'une histoire larmoyante à souhait.