Quiconque sauve une vie sauve le monde entier

Władysław Szpilman, né le 5 décembre 1911 à Sosnowiec en Pologne et mort le 6 juillet 2000 à Varsovie en Pologne, est un pianiste, compositeur et auteur polonais.

Wilm Hosenfeld, né le 2 mai 1895 à Hünfeld et mort le 13 août 1952 à Stalingrad, était un officier (capitaine) de la Wehrmacht au cours de la seconde Guerre mondiale. Il est surtout connu à travers l'autobiographie du pianiste polonais Władysław Szpilman, qu'il avait secouru et protégé à Varsovie.

À la fin de ce film de Roman Polanski, ces deux vies humaines se rencontrent. Le film au début et à la fin nous fait entendre de doux airs de piano acclamés d'applaudissements, et nous montre que le pianiste a poursuivi sa vie de même que son art.

À la fin, le film nous montre un soldat allemand prisonnier sous les ordres de russes, il se jette au grillage pour supplier un de ceux qui étaient ses détenus au sortir d'un camp de concentration. Il recherche un pianiste, qu'il a aidé quelques semaines, il sait qu'il s'appelle Szpilman ; mais son nom à lui, personne ne le dit. On lit qu'il est mort en 1952, dans un camp de prisonnier russes.

Et Le Pianiste, c'est un film sur cet homme-là.

Sur cet homme qu'on ne voit que dans le dernier tiers du film, Saint Martin nazi qui donne son manteau à un juif déjà christique.

Sur cet homme-là dont, soudain, on sait aussi peu de choses que ce vieillard affamé qui fait tomber une auge de soupe infâme des mains d'une autre vieillarde, et se jette sur le sol croupi du ghetto de Varsovie pour satisfaire son besoin animal de la faim.

Dont soudain on sait aussi peu de choses que ce jeune vieillard qui tombe à terre à l'entrée du wagon à bestiaux, le crâne ouvert d'un coup de crosse, pour avoir voulu garder son violon jusqu'au bout.

Dont soudain on sait aussi peu de choses que cet enfant mort, affalé entre le trottoir et le caniveau, que l'on voit à trois reprises.

Dont soudain on sait moins de choses qu'un pianiste de légende, les veines des mains creuses et bleues et la peau rouge, accroché à la survie jusqu'à ce que les soviétiques marchent au cœur de la neige d'une Varsovie fumante dont, au loin, les ruines s'éteignent.

Le Pianiste, c'est l'histoire de cet homme-là, épris un jour d'un élan d'humanité ou de remords, de ce même remords-là qui a animé Oskar Schindler. Cet homme-là, il fait un geste plus beau encore qu'Oskar Schindler ; là où le héros de Spielberg sauve mille vies, le personnage de Polanski en sauve une seule.

Et en échange, rien. Ni gloire, ni longue histoire, ni légende, à peine ce que la guerre a fait de lui : un officier, un nazi, un prisonnier, une date de naissance et une date de mort et une médaille de Juste.

J'aurais pu dire plein de conneries sur la non-subtilité et le non-silence qu'affectionne beaucoup trop lourdement Polanski, mais le Pianiste est un des films les plus efficaces pour montrer ce qu'est l'unicité de chaque vie humaine donc il me rend absolument pas objectif.

Mais une seule vie vaut tout de même un peu mieux que des mots pour une critique de film.
Ashen
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le 23 sept. 2014

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Ashen

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