Bon film, avec un réalisme doux et stéréotypé mais juste dans son propos général. Bien filmé, bien monté, et assez bien écrit, avec un Depardieu frais et emmené.
Réaliste dans la lente montée de l'agression, dans la violence et le saccage. Dans la description de la bassesse générale, de l'ambiance de classe pourrie par une poignée de fruits pourris. Quoique les scènes de rapprochement avec les élèves paraissent un peu idéalistes.
Petite surprise pour ceux qui ont la trentaine bien tassée : je vous laisse le plaisir de découvrir qui est l'acteur qui joue le voisin d'en face de Depardieu. Ca m'a fait plaisir de le voir ! ^^
Entre roues de bagnole chourées et prise aux mains avec les loubards, le poète au coeur tendre finit lui même par déclamer des gros mots en arabe et balancer des doigts d'honneur, transformé par l'habitus.
Le tournant du scénario, au bord de la crise de nerf, nous amène dans une situation absurde, kafkaïenne, aux prises avec les autorités, où les blancs sont montés en neige par l'accumulation de violence sournoisement renversée par le mensonge des mauvais, qui pousse le professeur prophète à donner sa propre gorge au diable. Comme d'habitude, ceux qui volent, mentent, insinuent, agressent, menacent, sont ceux qui jouent aux victimes pour une insulte ou une gifle, et appelleraient à témoin ceux-là même qu'ils séquestrent chaque jour.
Démago par contre, légèrement on le sent tout du long, mais surtout dans la fin, où tout se finit bien et un élève demande dans son langage de banlieue au professeur pourquoi il n'est pas retourné comme prévu dans son lycée de bourges, et dans la réponse de ce dernier qui balance une vanne sur l'ennui.
Bref, il fallait bien retomber dans une morale politiquement correcte, pour ne pas laisser un arrière-goût de défaite et l'image du chaos d'où l'intelligence ne revient pas. A l'image de la jeune élève qui réussit son parcours scolaire, et représente l'espoir d'une réussite que pourtant toute la haine de l'intelligence tente de détruire en chiant sur l'ordre et en riant de l'éducation.
Mais bon, au moins, la prochaine fois qu'on me fait suer à réagir avec mépris à mon opinion sur la violence, je n'hésiterai pas à répondre : "Oui, la violence est partout y compris chez les pauvres. Non elle ne vient pas d'en haut, et vous ne pouvez pas excuser la connerie des basses couches de la population par leur haine des riches qui les exploiteraient. D'ailleurs, des gens réussissent alors qu'ils viennent des milieux pauvres : n'est-ce pas parce qu'ils ont fait l'effort de ne pas se mêler à la connerie ambiante ? Vous aimez les prendre en exemple comme fierté de l'ascenseur social, mais bizarrement vous oubliez de les citer dans vos discours sur l'amalgame. Normal, vous niez depuis toujours ce qui fait leur différence, à l'intérieur !".
Vlan ! Au moins, avec des films comme ça, on n'a pas besoin de guillotine pour trancher.