En sortant de ce film-fleuve, la première chose que l’on a envie de faire c’est de tenter de le mettre en perspective, d’oublier un peu la fin pour le considérer de manière globale comme un objet filmique à part entière. Et pour ce faire, il faut mettre de côté l’aura qui entoure le réalisateur (que personnellement je ne connaissais pas) et se concentrer sur notre ressenti durant toute la durée du film.
Alors oui, le film est sacrément beau. Chaque plan est léché, la nature, l’hiver, la neige, la ville y est filmée de manière si poétique, si vibrante, qu’ils en font au moins en partie oublier la longueur de chaque scène. Pourtant, déjà là, le film commence à pécher : en effet, des étranges changements de la qualité de l’image, entre différents plans, ont pour effet de sortir le spectateur du film. Et je me pose encore la question maintenant si ces ruptures étaient intentionnelles ou pas. De même, les travelings parfois interminables sont branlants, pénibles à regarder. Tout ça pour dire que même l’esthétique du film n’est pas parfaite... Pardon aux aficionados.
Cela n’enlève rien à l’histoire, une sorte de récit d’apprentissage d’un type qui essaie, non sans morgue, de sortir de son milieu. De s’en extraire pour percer, réussir sa vie d’écrivain, d’intellectuel, d’être connu aussi probablement. Tout cela est mêlé aux histoires de familles, d’amour, d’amitié... Une histoire plutôt intéressante et pourtant... La longueur des dialogues, tout simplement interminables (parfois plus de 20 minutes), en font oublier le fond. Ces passages bavards, pourtant toujours liés fortement à ce thème de l’extraction du milieu, brouillent le spectateur et le perdent assez rapidement.
C’est dommage...
Et Le Poirier Sauvage a le malheur de sortir en même temps que Burning, et souffre de la mise en parallèle. En effet, les deux films sont reliés par bon nombre de points, à commencer par leur longueur : 3h et 2h30 respectivement. Tous les deux narrent l’histoire d’un jeune homme un peu perdu, dans un décor oscillant entre le rural paumé et l’urbain usé. Entre déceptions amoureuses et problèmes familiaux, le héros est plutôt chahuté. Et pour terminer, les deux personnages, dans Burning comme dans Le Poirier Sauvage, aspirent à être écrivain (sans grand succès).
Sauf que malgré toutes ces similitudes, on a tout de même un gouffre béant entre ces films. Burning, malgré sa longueur, arrive à insuffler une ambiance suffisamment immersive pour transporter le spectateur sans l’ennuyer, à délivrer son propos sans se perdre, à être poétique sans devenir redondant. Et pour moi c’est exactement l’inverse qui se passe avec Le Poirier Sauvage...
C’est un peu dur, sûrement, car le film conserve beaucoup de qualités dont, la plus fondamentale, celle d’être beau. Mais ça ne suffit pas forcément.