Dorian Gray
5.2
Dorian Gray

Film de Oliver Parker (2010)

Manque de finesse dans un monde de délicatesse

Dorian Gray est un beau jeune homme, très beau, parfait.
Il arrive à Londres pour hériter de son grand-père (qui le frappait à coup de canne, ce n'est pas dans le roman mais cette petite entorse leur donne la possibilité ..... on verra plus tard).
Il est repéré par 2 hommes : un peintre de talent, certes, mais pas exceptionnel, Basil, qui voudra faire son portrait et un noble dilettante et jouisseur, Henry Wotton, qui va, pour une raison inconnue même de lui (wink wink), prendre Dorian sous son aile et le guider sur une pente qui sera fatale.
Le portrait est tellement réussi que Dorian en est troublé et Henry lui disant que le tableau ne changera jamais alors qui lui oui, lui fait faire le voeu que le tableau change et pas lui (en échange de son âme, bien évidemment et non ce n'est pas dans le roman et ce n'est pas une amélioration).
Petit à petit, Dorian guidé par Henry, sombre dans les plaisirs les plus douteux et la dépravation la plus totale, perdant au passage la jeune femme qu'il "aime"


elle se suicide


et il comprend un soir que le tableau change : ses marques de canne ont disparu (la canne du pépé: ça permet un premier soupçon sur le transfert des stigmates plus tôt que prévu et ce n'est pas une mauvaise idée), sa blessure à la main n'apparait pas mais elle est sur le tableau et autres joyeusetés moins ragoûtantes pour exprimer le pourrissement de son âme.


Dès lors, Dorian va descendre de plus en plus profond dans l'horreur, jusqu'au meurtre et disparaitre pendant 25 ans et revenir, sans avoir changer d'un iota!! La fille de Henry pourra-t-elle être sa rédemption?


Adaptation à peine passable de l'excellent roman d'Oscar Wilde, ce film n'est pas extraordinaire, loin de là.
A coup d'orgies en tous genres, de visualisations des dépravations de Dorian, Parker fait perdre ce qui fait le sel du roman et faisait le sel de la première adaptation de 1945: le mystère!!
Que peut-il bien faire qui soit si ignoble?
Rien n'est jamais aussi imaginatif que l'imagination (je vais déposer cette phrase) mais Parker nous vole notre imagination. Les temps changent et la censure n'étant plus la même, on perd en finesse.
Non, ici, foin de tension sexuelle latente entre Dorian et Basil, on y va carrément, les bas fonds de Londres deviennent des partouzes entre gens de bonne compagnie, avec regards entendus et manque de discrétion, Dorian crée ouvertement des scandales pour faire parler les mauvaises langues : mais non enfin!!!
Parker rend le film plus explicite et donc moins subversif. Tout cela est lisse et sans intérêt.
Quand on pense que l'oeuvre a été vilipendée à sa sortie pour son indécence.
Il serait parfois bon de se rappeler que de rajouter de choses à une oeuvre qui n'en a pas besoin ne fait pas de nous l'égal d'un génie tel que Wilde mais un pauvre nase qui n'a rien compris à l'oeuvre qu'il adapte.
Quant à Henry Wotton, personnage si fascinant, il est affadit et même corrompu dans le mauvais sens : ils lui ont donné une conscience! Honte sur vous scénaristes!


Le portrait, par contre, est vraiment flippant, tout à fait ce que l'on attend du portrait de Dorian Gray (mais comme on nous montre tout ce qu'il fait, il semble un peu exagéré dans sa désintégration).
Les décors et costumes sont très beaux, l'ambiance visuelle tient la route : ce n'est pas déshonorant.
Ben Barnes est physiquement un parfait Dorian, beau, trop joli, d'une beauté presque dérangeante tellement elle est lisse: il fait bien évoluer son personnage de puceau sans espoir à monstre de dépravation (ce n'est pas très subtil là non plus mais ce n'est pas faute) et grâce à Parker (il ne fait pas que des mauvais choix), rien ne nous est épargné de son anatomie élancée et tout à fait séduisante. (Je suis superficielle, c'est un fait avéré).
Bien sûr Colin Firth en Henry Wotton, Méphistophélès londonien (là aussi je pourrais faire un paragraphe), alter ego officiel de Wilde avec ses bons mots, son mépris de la médiocrité et sa revendication de la jouissance et de la liberté, Colin donc, est impeccable, pas assez gluant par moment mais c'est dû plus à l'écriture qu'à ses capacités d'acteurs.
D'autre part le film lorgne vers l'horreur avec le démon et le portrait vivant mais ça se prend les pieds dans le tapis comme le reste.


Une bonne interprétation empêche le film de sombrer dans les tréfonds de la médiocrité mais en tant qu'adaptation c'est une catastrophe, il vaut mieux voir la version de 45 sans l'ombre d'un doute.

Créée

le 23 janv. 2018

Critique lue 653 fois

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Anilegna

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