Critique : Le Prénom (par Cineshow)

Si les adaptations de pièces de théâtre au cinéma sont régulières, ce qui l'est un peu moins, c'est de retrouver la même équipe de l'un à l'autre tant du côté des comédiens que des metteurs en scène. Le Prénom fait pourtant parti de ceux-là. Auréolé d'un succès public et critique en 2010 – 2011, la pièce de Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte trouve avec le cinéma un nouvel écrin propice à diffuser le chaos de ce diner au plus grand nombre et bien entendu, les rigolades qui vont avec.

Par bien des aspects, Le Prénom est à rapprocher du dernier film de Roman Polanski, Carnage (lui-même une adaptation de pièce), lequel faisait du huit clos l'arène de joutes verbales assassines entre deux familles New-Yorkaise. Mais le sujet n'est pas ici la discorde entre deux enfants mais bien le prénom du futur bébé du personnage incarné par Patrick Bruel. Élément de surprise d'abord, de discorde ensuite, le choix du prénom n'est évidemment par le seul motif et élément moteur du film mais bien le prétexte à abandonner les bonnes manières et énoncer tout haut les rancœurs et autres avis négatifs sur ses « amis » présents. Vous l'aurez compris, le Prénom joue sur la montée crescendo des tensions au sein de ce dîner pour au final déboucher sur une situation relativement cataclysmique jouant de toutes les petitesses et mesquineries possibles.

De quiproquos en quiproquos, de révélations en surprises, les réalisateurs et auteurs du scénario ne relâchent jamais la pression vis-à-vis de leurs personnages ni même vis-à-vis des spectateurs. Les masques tombes, les verres et assiettes cassent, les cris fusent ce qui n'empêchent pas les recompositions mouvantes entre les protagonistes de se développer selon le sujet. Tour à tour, chacun se voit pris à parti sur un sujet, sur une action, sur un état d'esprit. Contrairement au dîner de cons qui voyait ses personnages évoluer de manière relativement individuelle, le Prénom tout comme Carnage arrive par ces évolutions multiples à renouveler en continue les situations, en reposer de nouvelles avec des enjeux neufs malgré l'unité de temps, de lieu mais aussi de personnages.

Patrick Bruel se trouve être ici parfaitement à son avantage, ne palissant jamais devant Charles Berling habitué des planches et des films. Les autres membres du casting n'ont également pas à trembler, chacun permettant à son personnage d'exister et de connaitre son moment de gloire si j'ose dire, et plus particulièrement Guillaume de Tonquédec, le tromboniste du groupe et l'ami de toujours qui portera le coup de grâce à une soirée déjà bien mal entamée.

Du côté de la réalisation, rien de bien transcendant si ce n'est la faculté de réussir à maintenir un rythme efficace tout au long de l'heure cinquante et la capacité à fortement valoriser les scènes de très haute tension. Si les premières minutes en décorrélation du reste tendent à s'approcher du style Amélie Poulain avec cette voix off de Patrick Bruel commentant son trajet jusqu'à l'appartement mais aussi ces incrustations d'images tierces représentant les personnages ou les états d'esprits, Le Prénom demeure une réalisation tout à fait classique pour ce type d'adaptation et connaitra même à plusieurs instants quelques vides, fort heureusement pour nous, de courte durée.

Sans égaler le diner de cons, adaptation sans égale du théâtre comique au cinéma, le Prénom peut se vanter d'être une franche réussite, un huit clos efficace, un concentré de répliques qui tuent, le tout porté s'il vous plait par une distribution réellement inspirée. Courrez-y !
mcrucq
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le 8 mai 2012

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Mathieu  CRUCQ

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