Faut l'avouer, c'est chaud de choisir un prénom...
Ceux qui ont vu la petite vidéo "Comment s'écrit un film d'auteur français" retrouveront avec le sourire certains des stéréotypes qui régissent ce cinéma.
Ainsi, Le prénom embarque le spectateur au milieu d'un repas de famille où vont se mêler farces, vieux souvenirs, quiproquos et révélations avec les engueulades qui accompagnent souvent ce genre de retrouvailles. Très bien, la recette a été vue et exploitée milles fois, alors où est l'intérêt? Cela tient sur quatre points: les personnages, les dialogues, le rythme, et l'humour.
Dans cette soirée agitée qui ne manquera pas de rappeler un certain dîner de cons, on retrouve, bien campés, l'orgueilleux farceur, l'intello à cheval sur tout, le musicien réservé, la professeure désabusée par son mariage et la femme enceinte gueularde et hautaine (forcément, elle couche avec un orgeuilleux farceur). Tous ont tour à tour leur mot à dire, leur vérité à étaler, et de fait il y a un certain équilibre entre les interventions de chacun. Bien sur le narrateur se taille un peu la part du lion en la personne de Bruel (l'orgueilleux farceur), mais dont le rôle dans la déconne fait passer la pillule, sans compter qu'il prend sa part aussi! Tout le monde y passe, tout le monde joue le jeu, et le joue bien!
Puisque tout repose essentiellement sur les échanges entre les membres de la famille, quid de la qualité des dialogues? C'est du bon travail, tout simplement. L'écriture paraîtra un brin bourgeoise intello pour les références culturelles qui y sont faites en début de film, ou la manière de s'exprimer des personnages, mais pour ma part ce n'est pas un problème. Le fait est que les dialogues sont fluides, pertinents, et les enchaînements entre les différentes situations ne tombent pas miraculeusement dans l'assiette des protagonistes.
Enfin comme je parle d'enchaînement, il faut rendre au film l'une de ses qualités, son rythme soutenu. C'est simple, ça ne s'arrête pas, on est loin des films d'auteurs où un silence de 10 minutes va s'instaurer pour placer une fausse tension, et au passage endormir le spectateur. Il y a bien des moments de battements entre deux grosses scènes, mais ce serait une erreur d'y voir des pauses. Ces passages, bien plus vicieux, ne sont là que pour préparer la prochaine bataille... Pas un instant de répit donc.
Je n'irai pas jusqu'à dire que ce film est un chef-d'oeuvre, un immanquable du cinéma, mais pour un film de divertissement d'un soir, il remplit parfaitement son contrat par une qualité indéniable et un humour plutôt fin, basé à la fois sur des réparties bien senties et des petites complicités avec les personnages. Parce que si la soirée tourne au vinaigre, il y a beaucoup de moments qui feront rire, que ce soient des piques ou les réactions des personnages, voire même certains secrets qui sont gros, tellement gros!
Proche du classique film français, l'aspect ennuyeux en moins, Le prénom est donc un film sympathique à regarder, mais qui ne laissera pas une empreinte indélébile dans le cinéma.