Le Prénom se veut un remake des comédies à succès de Francis Veber, dont il reprend les principaux ingrédients : acteurs connus, scénarios de théâtre de boulevard, mise en scène sans fioritures et opposition entre personnages archétypiques, le brave couillon (François Pignon) et le mec sérieux.
Ici on a donc l'insipide Guillaume de Tonquédec dans le rôle du comique et Patrick Bruel dans le rôle du type sérieux.
Le film est divisé en deux parties, qui partagent néanmoins la même unité de temps et de lieu (vous me pardonnerez de ne pas parler d'action étant donné qu'on ne peut pas dire qu'on soit noyé sous les enjeux dramatiques). Pendant la première partie, Bruel essaie de faire deviner le prénom de son futur bébé à son frère Charles Berling et son meilleur ami Tonkie (De Tonquédec c'était trop long). Oui, c'est un repas de famille filmé. Genre cinématographique caractéristique de la France de la fin du XXè siècle avec le vacances-dans-le-Sud-apéro-au-rosé-repas-de-famille, et on espère bien que ça va passer de mode très très vite.
Les deux auteurs sont de fins observateurs de la société. Ils ont dû lire dans une chronique de TV Magazine ou de l'Express que les bobos appelaient leurs enfants Prune ou Myrtille. Du coup, ils se moquent gentiment de cette catégorie sociologique pendant une quarantaine de minutes où les clichés sur les bobos défilent, mais avec un cruel manque de rythme et très peu de mordant. L'opposition entre mec de droite et mec de gauche a déjà été vue, avec beaucoup plus de réussite, dans "Le Pari" du duo Campan/Bourdon. On a donc Bruel en beauf sarkozyste qui roule en Audi et Berling en intello-bobo qui roule en Vélib. Plus original, tu meurs.
Ayant constaté que l'argument était bien mince pour tenir une heure cinquante, même pour du théâtre filmé, les auteurs enchaînent avec une seconde partie dans laquelle les convives essaient de deviner le secret de Tonkie.
Colossale finesse de la pièce : l'hypothèse du personnage de Bruel est que Tonkie serait gay. Oui, en 2012, ça fait rire des hétéros, probablement les mêmes qui se sont rués sur "Les garçons et Guillaume, à table !" ou "Le Placard" et qui participent à la Manif Pour Tous.
Côté réalisation, on est dans du théâtre filmé, plan/contre-plan : quand un personnage parle, plan sur lui. On n'avait pas fait mieux depuis le JT de France 2 hier soir. Pour atteindre les 1h50 et ne pas avoir que des scènes de bouffe, on rajoute quelques scènes d'exposition totalement inutiles : Charles Berling donne un cours en amphi, il fait du vélo, Tonquédec joue de la musique, Machin fait des longueurs de piscine...avec une voix off horripilante.
Pourquoi ce genre de film a-t-il du succès ? Pour ma part j'avoue avoir été piégé par les critiques presse. ça m'apprendra...
(Dans un genre très similaire, Jaoui/Bacri ont fait beaucoup mieux.)