Je crois que Le Prestige est un des films que l'on me renvoie le plus quand je parle de mes problèmes avec Chistopher Nolan et, quelque part, je comprends pourquoi.
Voir Hugh Jackman et Christian Bale essayer de s'entre-tuer à coup d'effets de manche a un côté sympa et bien mis en scène ; adapter un roman de Priest est plutôt un défi car l'auteur peut parfois offrir des œuvres touffues et complexes. C'est donc par carnets interposés que s'affronte les deux magiciens, l'un lisant le carnet de l'autre écrit alors qu'il lit le carnet de l'un… Bref.
Stylistiquement, le Prestige est une œuvre qui assume une cohérence visuelle est narrative : pas de recherche de reconstitution historique, mais un travail visuel sur le monde de la magie et la crainte de la technologie émergente à la fin du dix neuvième siècle. Nolan construit une intrigue à tiroir, un tour de magie en trois actes annoncé dès le début et qui se résout à force de révélations et de détournements d'attention. Que dire sinon que le contrat général est rempli ?
Ce n'est pourtant pas une réussite sur tous les points : les acteurs restent régulièrement monolithiques (Christian Bale est connu pour être un génie du jeu nuancé) et le caméo de David Bowie n'arrive pas à rendre à Nicolas Tesla ce que le personnage promet ; et la réalisation a une manie de réaliser des inserts qui n'apportent pas grand chose à la narration si ce n'est pour appuyer des détails pour ceux qui ne suivent pas…
Mais ce ne sont que des détails : Le Prestige est un film qui tient son spectateur en tension tout au long d'une intrigue labyrinthique ; une preuve de maîtrise.