Critique initialement publié sur Le Con, Le Culte et Les Ecrans


Il y a des réalisateurs dont le nom seul suffit à motiver le déplacement dans une salle obscure. Parfois, c’est le cœur léger, d’un pas affirmé, chantonnant gaiement, empli d’une certitude : celle de passer un agréable moment.
Parfois, la laideur de la bande-annonce, le scénario rachitique, les acteurs ou encore les punaises du lit si vous êtes adeptes des mk2, font que le pas est plus lent, le dos plus voûté et le ciel plus gris en allant à ladite séance.


Plutôt dans la deuxième option, en cette froide soirée de février, je me disais encore innocemment que l’homme responsable des excellents OSS 117, de la sublime classe américaine et du sympatoche the Artist était incapable de rater un projet.
C’était bien entendu faux pour deux raisons. La première c’est que j’avais oublié The Search, sans doute protégé d’un syndrome post-traumatique par mon cerveau.


La seconde, c’est que le prince oublié est raté. Pas « sympa mais », pas « oh ça passe », pas « je m’attendais a pire », non, juste raté. Un constat amer reposant sur un mot de quatre lettres.


Commençons par le plus évident, il y a des moyens et ça se voit, les effets spéciaux sont chouettes, mais nom de Zeus que c’est laid.
Couleurs criardes, décors sans âmes, étalonnage ignoble bref un ratage en bonne et due forme. Le décorum n’est pas le problème en lui-même, il est laid comme un pou parce que la mise en scène est inexistante.
Burton a sublimé la laideur de la banlieue américaine, Scorcese la crasse de new York, Kechiche le gras des pâtes bolognaise, bref vous avez l’idée.
Ici, la caméra est posée pour avoir des images de promo pour affiches et bandes annonces. Pas de grammaire, pas de subtilité, pas de virtuosité, rien.


Heureusement qu’un brillant scénario est là pour rattraper ça. C’est en tout cas ce que j’aurais pu dire à 10 ans dans un monde où vice-versa n’existait pas. Sans aller jusqu’au plagiat, parlons d’inspiration, le film se heurte en continu au mur Pixar.
Naïf et sans doute plein de bonne volonté, l’histoire n’est pas indigente, elle est juste convenue au possible.
Côté casting, c’est le service minimum. Omar Sy fait Omar Sy et François Damiens fait un vil méchant trop sous exploité.
Les enfants s’en tirent plutôt bien (malgré l’affreux rôle du petit prince) et c’est assez rares pour être soulignés.


Berenice Bejo est en revanche extraordinaire malgré un rôle écrit à la truelle. Dynamique, émerveillée, touchante et drôle, elle est sans contexte la bouée de sauvetage de ce naufrage.
Donc Michel, la prochaine fois, film ce que tu aimes dans ton petit cœur.


Ça fonctionne à merveille sur ta femme, ça fonctionnera sur n’importe quoi d’autres, j’en suis convaincu.

AdrienGarraud
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le 4 mars 2020

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Adrien Garraud

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