Le Prince oublié occupe une place bien particulière dans la filmographie de son réalisateur. Il arrive après les triomphes populaires d'OSS 117 et The Artist, qui célébraient à leur façon le cinéma et ses figures installées (le muet et noir et blanc, l'agent secret (a)typique).
Mais surtout après deux tentatives, The Search et Le Redoutable, plus singulières, plus sérieuses, plus sensibles. Leurs échecs (injustes, à mon avis) ont paradoxalement donné l'envie à Michel Hazanavicius de continuer à étendre son répertoire avec le film pour enfants.
Une tentative plus que bienvenue, au moment où il aurait pu opter pour une troisième aventure d'Hubert Bonisseur de la Bath et s'offrir un succès garanti. La présence d'Omar Sy - au capital sympathie dévastateur (et je le comprends) - assurant les arrières, M. Hazanavicius prend donc le pari de mettre (un peu) les vannes en sourdine et d'aller à plus d'innocence.
Il y a cependant un problème. Le Prince Oublié narre l'histoire d'un père veuf (Djibi) qui avait pour habitude de raconter des histoires à sa petite Sofia pour dormir. Un monde virtuel dont il est le héros et Sofia la princesse à protéger. Ses fables apparaissent autant comme le moyen de faire rêver sa fille que d'assurer son rôle de père. Sitôt que l'adolescence rapplique, le rapport père-fille s'en retrouve bousculé, ainsi que le microcosme onirique bâti par Djibi.
Oui, le problème est là. Cette histoire, on l'a déjà vue avec Vice-Versa en 2015. Malgré sa bonne volonté, et la magie dégagée par ses interprètes, Le Prince Oublié patine rapidement sur une voie empruntée par Pixar et ne parvient jamais à s'en émanciper. À la rigueur, son premier tiers propose l'idée méta assez intéressante d'un monde imaginaire évoquant les studios de cinéma. En dehors de ça, même le retournement du concept (les parents ont cette fois-ci le premier rôle) ne permet pas de réel détour sur un chemin nouveau. Et c'est dommage.
Après différents essais transformés et parfaitement habités par la personnalité de leur auteur, Le Prince Oublié manque d'un "père" plus présent à la barre pour dynamiter les codes, comme Hazanavicius sait si bien le faire.

ConFuCkamuS
5
Écrit par

Créée

le 29 janv. 2020

Critique lue 2.6K fois

8 j'aime

ConFuCkamuS

Écrit par

Critique lue 2.6K fois

8

D'autres avis sur Le Prince oublié

Le Prince oublié
ConFuCkamuS
5

Vice-Versa

Le Prince oublié occupe une place bien particulière dans la filmographie de son réalisateur. Il arrive après les triomphes populaires d'OSS 117 et The Artist, qui célébraient à leur façon le cinéma...

le 29 janv. 2020

8 j'aime

Le Prince oublié
QuentinBombarde
6

The Artriste

Depuis le triomphe réservé à son The Artist, Michel Hazanavicius s'était fait plutôt discret. Les échecs consécutifs de The Search (à peine 70 000 entrées) et de son Redoutable (135 000 entrées) n'y...

le 12 févr. 2020

7 j'aime

1

Le Prince oublié
lhomme-grenouille
5

L’œuvre difforme

Si je devais faire une liste des choses qui m’ont plu ou séduit dans ce film, je pense que – l’air de rien – celle-ci serait assez longue. Pas mal d’inventivité visuelle. Une narration cohérente...

le 13 févr. 2020

6 j'aime

Du même critique

Dune
ConFuCkamuS
4

Anesthésie Spatiale

Peut-on partir avec un avantage si l'on décide d'aller voir l'adaptation d'une œuvre matrice dans la littérature ? Oui, en ne l'ayant pas lue. Il n'est pas toujours aisé de jongler entre...

le 15 sept. 2021

66 j'aime

8

I Care a Lot
ConFuCkamuS
4

Épigone Girl

Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé...

le 20 févr. 2021

60 j'aime

Les Trois Mousquetaires - Milady
ConFuCkamuS
3

Tous pour presque rien

Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette...

le 13 déc. 2023

47 j'aime

7