Le Privé
7.6
Le Privé

Film de Robert Altman (1973)

"Uh-huh, he's got a girl I got a cat..."

Bien que ne l'ayant pas découvert il y a si longtemps que ça, revoir Le privé est pour moi une espèce d'équivalent cinématographique au fait de revoir un ami de longue date, de ceux que l'on ne voit que trop rarement, qui débarque sans crier gare et avec lequel on ne fera pas grand chose de plus que déambuler et boire des coups, en soit le summum de la vie en société.


Et c'est un peu ce qui se passe dans le film, déjà Lenox qui débarque chez Marlowe, même si leur programme est différent, mais surtout ce bon vieux détective 40s débarquant chez son vieux pote le film noir pour se perdre dans une balade au milieu des 70s. Forcément quelques petits changements sont de mise, par exemple la voix off habituelle est ici remplacée par un monologue, autant pour lui que pour le spectateur, bourré d'humour, d'autodérision et surtout de classe nonchalante.


Associé à cette transposition d'époque le film est très nouvel Hollywood, que ce soit dans ses prises de vue, une certaine paranoïa et ce regard désabusé sur la société américaine, entre oisiveté, faux semblants et hypocrisie. Sous les traits d'Elliott Gould, Phillip Marlowe nage en pleine incompréhension, malgré des éclairs de génie, trop droit pour véritablement comprendre ces manipulations, ayant presque toujours un coup de retard.


Cette idée nous est en quelque sorte montrée dès les premières minutes, dont le montage fait s'alterner, avec deux versions aussi différentes qu’excellentes de ce même morceau qui sera le seul du film, les images du détective tentant naïvement d'arnaquer son chat afin de le nourrir et de son ami en train d'arriver chez lui, prêt à déclencher le début d'une effroyable machinerie.


Sans jamais faire dans la lourdeur Altman nous trimbale entre enquête, humour et contemplation. Le tragique n'est jamais loin mais on pourrait avoir la sensation qu'à l'époque où Leigh Brackett travaillait sur le scénario, les écrits de Brautigan côtoyaient le livre de Chandler sur sa table de chevet, ce qui rend le résultat d'autant plus plaisant.

Créée

le 11 oct. 2021

Critique lue 131 fois

4 j'aime

ZayeBandini

Écrit par

Critique lue 131 fois

4

D'autres avis sur Le Privé

Le Privé
Docteur_Jivago
9

The Long Goodbye

Après Humphrey Bogart et avant Robert Mitchum, c'est au tour de Elliott Gould d'enfiler le costume du détective privé Philip Marlowe, personnage imaginé par l'écrivain Raymond Chandler à la fin des...

le 6 sept. 2014

40 j'aime

7

Le Privé
Gand-Alf
9

Marlboro Man.

Mon été cinématographique aura été placé cette année sous le signe de Turner Classical Movies. Face aux nouveautés fades proposées par les grandes chaînes payantes, TCM m'aura offert une belle...

le 2 sept. 2014

31 j'aime

Le Privé
Teklow13
9

Critique de Le Privé par Teklow13

Le film s’ouvre sur le réveil d’Eliott Gould ou Philip Marlowe le détective privé de Chandler. Il est réveillé par son chat. En fait tout le film d’Altman pourrait être condensé dans cette séquence...

le 10 oct. 2012

24 j'aime

Du même critique

Les Enfants de la mer
ZayeBandini
8

4°C jusqu'à l'infini

Encore un film d'animation qui ne va pas être distribué avec les bons arguments, lors de l'avant-première en guise de dossier de presse on nous donne le genre de brochures pour les enfants de...

le 7 juil. 2019

19 j'aime

Pierrot le Fou
ZayeBandini
10

Admettons donc.

Aujourd'hui Jean-Paul Belmondo est mort, et avec toute la tristesse que cette annonce m'a procuré, j'ai ressenti le besoin de revoir ce film. Pourquoi celui-ci je ne sais pas, peut-être parce que...

le 6 sept. 2021

8 j'aime

2

Le Détroit de la faim
ZayeBandini
9

À la croisée des films noirs de Kurosawa et des grands polars de Nomura, c'est dire...

Un immense oubli dans les classiques connus et reconnus du cinéma japonais, dans la droite lignée du Entre le ciel et l'enfer de Kurosawa, et augurant en un sens les immenses adaptations de Matsumoto...

le 2 août 2021

7 j'aime