Ayant découvert récemment le couple Viviane et Elicha dans l'intéressant "Prendre femme" que j'avais trouvé fascinant par certains aspects mais un peu décevant par d'autres, je suis allée retrouver ce couple en plein divorce en craignant les mêmes outrances, et l'absence des fulgurances qui avaient sauvé le précédent film. Viviane ne supporte plus l'indifférence de son mari face à ses efforts, le manque de considération pour ses états d'ame et son bien être. Je les ai laissé se débrouiller sans moi pour leur guerre des 7 jours que je regarderai peut-être dans un avenir proche...
Là, il s'agit d'un huis clos qui se situe dans un tribunal rabbinique seule institution habilitée à accorder un divorce. Viviane a enfin quitté Elisha et a demandé le divorce. Selon la loi, seul l'époux a le pouvoir d'accorder ou de refuser de "libérer" son épouse des liens sacrés du mariage. Le sentiment d'oppression distillé par la confrontation stérile entre les personnages est appuyé par l'aspect claustrophobique du décor unique du tribunal se reflète sur le visage de Viviane, sa tenue vestimentaire. Elle est stricte et conforme à la décence sauf quand elle en vient à désespérer et qu'elle se vêt comme une simple femme, cheveux lâches et chemisier roouge avec de simples sandales. Cette "indécence" lui sera reprochée par les rabbins juges de son procès.


Nous avons parfois l'imression de nous retrouver chez Kafka tellement la réalité montrée ici est absurde.
Elle est à la fois terrible et d'une drôlerie affligeante.


5 ans de procès ! 5 ans durant cette femme doit mettre sa vie entre parenthèse en attendant que son mari daigne enfin lui rendre la liberté à laquelle elle aspire. 5 ans pendant lesquels elle vit au rythme des audiances.


Le procéssus a de quoi rebuter : 2 heures de débat animé dans un lieu exigû et peu confortable au décor minimaliste. C'est sans compter l'intensité de la tragédie humaine qui se joue entre ces quatre pauvres murs.
Ce que je reprochais au premier film, à savoir l'excès, est ici hors de propos. L'intensité des personnages et de leurs sentiments n'en est que plus grande.


Le cadrage, au vu de la forme adoptée, est d'une importance capitale dans ce métrage. Il est en accord avec la rigueur et le côté percutent des dialogues. Cette manière d'appuyer le propos de "celui qui parle" permet de garder le spectateur attentif au portrait bouleversant de cette femme et derrière elle la critique d'un système et d'un pays qui inféode la parole d'une femme à celle de n'importe quel homme.


On pense à du Cassavetes par moments et Ronit et Schlomi Elkabetz montrent la cohérence de leur parcours.

Rawi
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les acteurs réalisateurs, Top critiques (films), Nécrologie et films (re)vus en 2014

Créée

le 2 juil. 2014

Critique lue 1.2K fois

43 j'aime

7 commentaires

Rawi

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

43
7

D'autres avis sur Le Procès de Viviane Amsalem

Le Procès de Viviane Amsalem
SanFelice
8

Ronit soit qui mal y pense

Au moment où j'écris ce texte, cela fait donc six mois que Ronit Elkabetz, l'actrice et réalisatrice israélienne, est décédée prématurément. Je garde d'elle, avant tout, l'image de douce sensualité...

le 1 déc. 2016

24 j'aime

5

Le Procès de Viviane Amsalem
Jackal
8

Foire d'empoigne

En Israël, Viviane Amsalem ne vit plus avec son mari Elisha depuis quelques années et demande un acte de divorce, le guett (גט), devant un tribunal rabbinique, mais seul son mari est autorisé à...

le 26 juil. 2014

17 j'aime

12

Le Procès de Viviane Amsalem
PatrickBraganti
10

Divorce à l'israélienne

Il y a dans le troisième film de la comédienne Ronit Elkabetz et de Shlomi, son frère scénariste, quelque chose d’un opéra, d’une tragédie grecque, d’un drame shakespearien. Le fond rouge sur lequel...

le 28 juin 2014

14 j'aime

5

Du même critique

Bienvenue à Gattaca
Rawi
10

Critique de Bienvenue à Gattaca par Rawi

Un des meilleurs sinon le meilleur film d'anticipation existant. Scène d'ouverture, une des douches les plus hygiéniques jamais filmées. Des lambeaux de peaux, tombent dans le bac à douche les uns...

Par

le 31 oct. 2012

183 j'aime

23

Le Petit Prince
Rawi
9

Poésie initiatique

Cher Antoine, Quand j'ai fait la connaissance de votre petit Prince, je n'étais qu'une petite fille qui commençait ses découvertes littéraires. Bien sûr qu'à 7 ans, je n'ai pas tout compris. La...

Par

le 26 avr. 2016

129 j'aime

9

Under the Skin
Rawi
8

Poème érotique

Le film s'ouvre sur un oeil, un regard qui se forme, une langue qui se prononce maladroitement. Fond noir ! L'intérêt majeur de cette adaptation est son ACTRICE principale. A la fois très connue,...

Par

le 4 juil. 2014

129 j'aime

33