L'absence ne permet pas l'imaginaire, elle l'oblige.
Le vide du hors champ, le manque de représentation, la seule évocation sans appui physique ne peut exister sans angoisse. Face à celle-ci, chacun se débat et l'imaginaire vient prendre une place au lieu même de l'absence. Il est convoqué par une puissance plus forte que soi et donc se rend incontrôlable. Il dépasse ce qu'on exige de lui.
La caméra, avec la volonté déterminée de continuer à filmer ce qui n'est pas vu, est un rempart, un médiateur entre ses propres peurs et le réel. Josh le dit : la caméra offre un filtre de réalité - et comme il est étudiant en cinéma, son propos dépasse l'instant où il le dit et devient théorie de l'art (ou presque).


Le temps se perd dans la forêt, et les ellipses ne me rassurent pas. Pendant la journée, je souffle encore, malgré la fatigue qui déborde au fil des heures et des chemins perdus ; la tension tenue qui s'échauffe entre chaque personnage est une accroche que je peux connaître. Mais la nuit, lorsqu'apparaît brusquement le noir inconnu, mon corps se recroqueville. L'absence résonne au plus fort, les sens aux aguets, et des images se promènent dans mon esprit, des images que je crée moi-même en tentative de contrôle du vide apparent, mais qui me donnent le vertige.
A chaque nouveau noir, quand la caméra se rallume dans la nuit, sous la tente, je trésaille à l'idée des moments à venir, j'ai envie de crier : ça suffit ! mais l'impuissance règne.


Pourtant, je n'éteins pas la télé, comme les personnages n'éteignent pas leur caméra : la fascination, pour donner vérité à la représentation floue, tire les entrailles vers le danger.

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le 18 déc. 2015

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slowpress

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