Si le found footage existait déjà avant Le Projet Blair Witch, c'est bien lui qui l'a démocratisé et qui a mis en évidence son intérêt lucratif : un film qui coûte très peu, et qui peut potentiellement rapporter gros. Ce n'est pas pour rien qu'il est l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma.


Cependant, répéter une formule qui fonctionne bien n'est pas gage de qualité, bien au contraire, et tout le monde s'en donne à cœur joie, en témoigne les 20 années qui suivirent. Le found footage ne doit pas être une solution de facilité mais un choix esthétique, il doit fabriquer l'atmosphère, et ce sont ces fondamentaux que nous rappelle Le Projet Blair Witch.


Un scénario qui tient sur deux lignes, pas de screamers, rien de gore : tout est dans la suggestion et l'ambiance. L'objectif du Projet Blair Witch est simplement de favoriser au mieux l'immersion, au détriment du scénario.


Ce film dégage une impression de réel, d'authenticité. Pour l'obtenir, tout est permis : plans volontairement mal cadrés, floutés, ou caméra tremblante, voire même dans le noir avec seul le son comme repère. Les personnages donnent l'impression d'être sans arrêt dans l'improvisation , dans l'instant (certaines scènes sont d'ailleurs improvisées).



C'était une réalisation sauvage.
Heather Donahue



Certains pourraient critiquer le film comme quoi il ne s'y passe rien (en effet, il y a peu de scènes de nuit, et elles sont courtes), mais c'est justement ce vide scénaristique qui procure une réelle sensation de réalisme, de non-contrôlé. Si on est immergé, ça fonctionne, ça procure de réelles sensations, une urgence, une imminence et une détresse.


Tout est dans la suggestion : au début, on nous décrit des personnages horribles, qu'on ne verra pas, mais qui alimentent notre imaginaire, ces images nous hantent car on a, comme les héros, peur de les voir surgir : il y a alors confusion entre personnage et spectateur. Il en va de même pour la scène de fin, très brouillon et dynamique, qui nous échappe : encore une fois, les sensations des protagonistes nous sont traduites visuellement par cette impression de confusion et d'incertitude.


C'est sûr, beaucoup ne pourraient pas aimer ce côté extrêmement minimaliste qui pourtant fait son effet. Pour le voir, cependant, il faut impérativement optimiser les conditions de visionnage (bonne image, projection sur écran si possible, plongé dans le noir complet et surtout un bon son 5.1). Croyez-moi, il faut favoriser l'immersion, car tout l'intérêt du film repose là-dessus.

Monsieur_Cintre
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le 20 avr. 2020

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Monsieur_Cintre

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