Sans doute qu'une partie du caractère éprouvant d'un tel film provient de son sujet, qui, s'il ne nécessitait pas de contextualisation particulière dans les années 50, peine à faire preuve de la perspicacité minimum nécessaire pour se suivre agréablement. Peut-être aussi que le problème vient du fait que les histoires de mariages ne m'ont jamais passionné... Et ici, pendant 1h30, il ne s'agit que de ça. Ceci explique sans doute cela.


Mais difficile de ne pas ressentir la pauvreté des enjeux qui sont ressassés inlassablement pendant toute la durée du film. Deux jeunes adultes désirent se marier sans fioriture, en petit comité, loin des excès traditionnellement admis. La différence de niveau social entre les deux familles est claire : d'un côté celle de l'homme, financièrement très confortable, ayant déjà offert de bien fastueux mariages à ses autres enfants, et de l'autre celle de la femme, très modeste, avec le père ayant travaillé douze années de sa vie pour accumuler 4000$ et enfin devenir co-propriétaire de son taxi et un vrai auto-entrepreneur. S'ensuivra une pression exercée par les non-dits et la peur du "mal-paraître" qui poussera les plus pauvres à se ruiner jusqu'à l'os pour organiser une grande cérémonie dont personne ne semble vouloir.


C'est là la principale faiblesse du film qui va organiser toute son intrigue sur les difficultés financières de la famille pour payer les robes, les fleurs, les repas, les voitures, les gâteaux, etc. La liste est longue, bien trop longue, et cet aspect-là devient vite très répétitif, vraiment lassant. La compétition entre les deux familles n'est pas de l'ordre du ressort comique mais presque exclusivement tragique, et tout se joue autour d'un événement censé être heureux qui se transforme en un horrible châtiment. La discorde à suivre au sein de la famille traîne en longueur, et même si Bette Davis et Ernest Borgnine offrent de beaux moments au film, il ne prend jamais pleinement son envol en restant englué dans une illustration très terre-à-terre des désirs contrariés, du poids du regard des autres et autres complexes d'infériorité.


[AB #199]

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le 22 févr. 2017

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Morrinson

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