Les Japonais n’auront pas attendu longtemps pour donner une suite à Godzilla. Une année d’écart, juste ça ! En même, on veut bien les comprendre : autant profiter de surfer sur le succès colossal qu’est le premier film ! Encore faut-il reprendre la recette de ce dernier, tout en l’améliorant. Et surtout trouver une solution crédible à son retour (ATTENTION, SPOILER !!), étant donné que le gros lézard mourrait dans l’opus précédent. Totalement désintégré via le gaz nouvelle génération. Un défi de taille pour ce Godzilla deuxième du nom, qui ne sera malheureusement pas respecté…

Car si le premier Godzilla marchait, c’était pour le symbole du nucléaire et de dévastation qu’il représentait. Sans compter que le réalisateur Ishirō Honda insistait grandement sur ce fait. Alors, si le film perdait cet atout qui lui est si caractéristique, il ne serait qu’un film de monstres comme il en existe tant d’autres. C’est malheureusement ce que l’on remarque dans ce Retour de Godzilla. Qui n’arrive jamais à remonter au niveau de son prédécesseur.

Ce second opus, c’est Godzilla qui revient tout péter, et cette fois-ci la ville d’Osaka. Fini les menaces sur le nucléaire, les détails qui se rapportent au traumatisme post-Seconde Guerre mondiale et les critiques envers l’Homme qui a tendance à vouloir tout contrôler avant que cela ne le conduise à sa perte. Ici, il n’est question que de survie. Que de devoir stopper un énorme animal qui dévaste tout sur son passage. Entraînant par la même occasion un autre bestiaux dans son sillage : Anguirus.

Il faut tout de même l’avouer, Le Retour de Godzilla est le premier film d’une longue série. Si le premier long-métrage se dressait au panthéon du genre, sa suite se permet de mettre en scène un combat de monstres titanesques qui détruisent tout sans s’en rendre compte. Un concept qui sera repris dans l’intégralité des films Godzilla et des autres kaijū eiga existants. Et là-dessus, Le Retour de Godzilla en jette pas mal ! Car voir ces deux forces de la nature s’affronter et tout dévaster à quelque chose de jouissif. D’autant plus que pour cette séquence, le réalisateur décide de retirer les ralentis qui animaient le pas pesant de Godzilla pour rendre ce duel énergique et intéressant à suivre. Dommage que le film soit en noir et blanc et que l’intégralité de la scène en question se déroule dans l’obscurité la plus totale. Et que l’âge du film n’aide pas vraiment…

Encore une fois, on en revient aux défauts déjà évoqués lors du premier film. À savoir les effets spéciaux, carrément d’un autre âge ! Avec ces décors dignes d’une maquette de Playmobile. Ce costume en latex un chouïa ridicule duquel est vêtu l’interprète de Godzilla. De ce souffle nucléaire sous forme de simple vapeur inoffensive. De certains effets sonores qui manquent à l’image (comme le bruit des pas de nos deux animaux) ou qui ne concordent pas spécialement aux gueules des créatures (un rugissement quand la bouche est fermée, rien quand elle est ouverte…). Que l’aspect des bestioles ne paraissent pas crédibles. Et, grande nouveauté, que certaines images sont réutilisées plusieurs fois dans le même film (notamment lors du final avec les avions qui tentent de causer une avalanche).

Et comme on pouvait s’y attendre, dans cette suite, avec un scénario aussi plat que prévisible, les êtres humains ne servent à rien, sauf à servir de pitoyables insectes se faisant écraser par d’immenses monstres qui ignorent même leur existence. Des personnages véritablement inutiles, fil rouge à des séquences de destruction, rien de plus ! Surtout que le scénario essaye de donner de l’importance à ses protagonistes, en leur donnant des trames à vivre. Comme une romance. Mais ce n’est clairement ni le film ni l’histoire adéquat(e) pour raconter ce genre de chose (que ce soit basique ou bien travaillé) au risque de passer au second plan, comme ici. Donnant ainsi l’impression de meubler un film qui, au final, aurait très bien pu durer 50 minutes au lieu d’une heure et demie. Évitant ainsi de perdre du temps sur des séquences dispensables et l’apparition/disparition sans raison de personnages à l’écran.

Si l’on doit donc retenir quelque chose du Retour de Godzilla, c’est son parti pris pour le duel de monstres géants. Initiant ainsi le concept principal de ce genre de film. Et qui reste regardable par rapport à ces derniers. Mais cette suite aurait très bien pu rester à la cheville du premier si le message du nucléaire était encore utilisé. Là, il est entièrement effacé du script, transformant la brillante série B qu’était Godzilla en divertissement mal vieilli, sympathique à découvrir mais très vite oubliable à cause de ses rides, bien trop visibles.
sebastiendecocq
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le 14 janv. 2014

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