--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au troisième épisode de la sixième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/The_Invisibles/2413896
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---


J'étais bien inquiète. Regardant les choses mathématiquement -puisqu'Universal semble vouloir se la jouer scientifique cette année- il y avait de quoi être accablée effectivement : de toutes la saga Homme Invisible chez Universal Monsters, un seul film franchissait la barre des 7 sur Sens Critique, le premier, *L'Homme Invisible*, que j'ai visionné hier soir. Après ça, c'est la chute libre, les notes sombrent, méthodiquement, uniformément. Pire ! L'homme invisible n'a visiblement pas autant excité les metteurs en scène que les vampires, les zombies ou les fantômes. Je ne sais pas exactement pourquoi -quoi que je commence à me faire une petite idée sur la question- mais la résultante est que Universal Monsters occupe une très large place dans le mois-monstre de cette année. La Hammer même à boudé le roman de Wells ! Et l'épineux problème : Moi, je n'ai pas aimé le premier film. Ca ne laisse, statistiquement, pas beaucoup d'espoir pour le reste du mois...
Et bien les statistiques n'ont qu'à aller se rhabiller ! C'est le mois-monstre que diable, surnaturel et sorcellerie s'y côtoient, il est normal que miracles et malédictions y soient monnaie courante. *Le Retour de l'Homme Invisible* prend la forme d'un surprenant *mea culpa* de la part de Universal Monsters. Allons, je ne serai pas rancunière, effaçons le passé et repartons sur de bonne base.
Dès ses premières images, le film m'a fait pousser de grandes exclamations enthousiastes : Ah ! Enfin une tête connue au casting ! Des cimetières sous la brume ! La nuit ! Une musique glaçante !
Le film se revendique ouvertement comme une suite au roman de Wells. Pas au premier volume produit par le même studio quelque sept ans auparavant, mais bien au roman d'origine. Je soupçonne quelques sombres affaires derrière tout ça, d'autant que le générique ne propose pas qu'un casting différent, mais également un gros turn-over à la direction et à la technique. Mais je ne suis pas suffisamment sérieuse pour me renseigner décemment sur les évènements, et je préfère laisser le droit à mon imagination de me proposer plusieurs explications romanesques et farfelues. Quoi qu'il en soit, tout ça fait mes affaires, et me laisse plonger dans le film, la poitrine gonflée d'espoir. Et tout continue de se dérouler comme dans un rêve. Les décors sont comme je les aime, grandiloquents et théâtraux, avec leur soupçon d'aspect carton-pâte qui fera l'attendrissante patte du studio. De ce cimetière initial - lugubre annonce du sort réservé au personnage principal s'il ne trouve pas une issue ; à la prison dans laquelle il se languit ; en passant par la vieille bicoque presque abandonnée au milieu des bois ; sans oublier le décor de l'usine, hallucinante affabulation d'un univers ouvrier sortie tout droit de l'esprit rêveur d'un enfant – ou ignorant d'un dandy. Car le chic d'une bourgeoisie, forcée par amour à affronter les forces du mal, se développe ici, comme s'inspirant du premier succès de la firme. Le film questionne également d'éventuelles limites à poser à à la science, dans un monde qui ne croit plus qu'en elle – sans manquer de nous évoquer au passage, le second succès de la firme. Par contre, de référence au quatrième succès de la firme, il n'y en a pas. Le film se construit comme un immense démenti du premier homme invisible livré par Universal Monsters. Je comprends mieux maintenant pourquoi les férus du premiers se sont détournés du deuxième. Cependant, je ne peux choisir mon camp avec un tel unilatéralisme. J'aime le gothisme certes, et je déborde de joie de le retrouver ce soir, mais voilà, il reste un problème : le gothisme et l'homme invisible s'accordent mal. Car on dira ce qu'on voudra, même odieux criminel, le personnage reste tout de même un peu ridicule, avec son visage presque clownesque quand il se vêt pour être vu, et sa façon un peu grossière de se dévêtir pour ne plus l'être.
Du reste, le film de ce soir a au moins l'intelligence de s'en rendre compte, contrairement à son prédécesseur. Il force le trait quand il ne peut pas l'adoucir (le gag changeant de saveur avec l'âge de la jeune fille qui tombe dans les pommes ; ou le trait d'esprit du personnage supposant que les fantômes geignent car ils ont froid à rester nus dans la nuit), et contraint la poésie à venir effleurer le personnage malgré tout pour le rendre moins risible (la scène de l'épouvantail vaudrait presque celle des marguerites de *Frankenstein*). Surtout, le film se modernise d'un homme invisible bon, luttant contre la folie qui le guette de par sa condition. Doublé à cette histoire de condamnation à tort et de double enquête (retrouver l'homme invisible et le meurtrier, qui s'avèrent être deux hommes distincts), le récit se pare d'une profondeur qui fait plaisir à voir. En ne cherchant plus à adapter méthodiquement, mais à imaginer un après, *Le Retour de l’Homme Invisible* en devient presque plus fidèle au roman de Wells que son prédécesseur, s’emparant enfin de tous les procédés cinématographiques disponibles pour glacer le sang, afin de pallier aux ressorts purement littéraires qu’utilisait le génial auteur. Et d’ailleurs, à mettre un peu plus de cœur à faire du cinéma, le film m’a fait pousser de grandes exclamations enthousiastes également à sa fin : enfin une silhouette d’homme se détachant en absence de brume dans le brouillard. C’est réussi, c’est beau, c’est malin, et c’est terrifiant. Tout ce que j’attend de Universal Monsters en une seule image.
Zalya
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le 21 oct. 2021

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Zalya

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