Dernier épisode de la trilogie originelle, Le Retour du Jedi est aussi l'épisode le plus inégal. De bonne facture il illustre déjà les dérives à venir du reste de la saga, à savoir une propention à l'exagération et au marketing outrancier. Mais il reste un plaisir absolu, un intense rêve de gosse, épopée magique et haletante qui se termine par un final carthatique fabuleux.


Tout commence bien, dans une longue introduction, avec cette infitration dans le monde gluant et crapuleux de Jabba le Hutt - ou le Forestier, comble sur une planète de sable, personnage surprenant et iconique. Il détient Han Solo, congelé dans son gaz carbonite et qui orne son vaste salon. Nos héros vont venir le libérer des griffes de la limace. Mais voilà, s'ensuivent quelques péripéties, un duel avec Boba Fett, un Rancor, le Sarlac et ses tentacules infestes, et le passage en revue de tout un bestiaire verreux et détestable, un des derniers grands moments du sublime charme des animatroniques et des marionnettes.


On retrouve aussi Dagobah et Yoda, au visage einsteinien, on retrouve la flotte rebelle et on retrouve, une seconde étoile noire - leitmotiv récurrent dans la saga, repompé à l'extrême. Ici, déjà on trouve la première faiblesse scénaristique du film, les méchants ne se réinventent pas.


Passer cette grosse base intersidérale plus puissante, plus grande, plus aboutie que la première, on découvre avec plaisir le terrifiant empereur Palpatine, maigre et courbé mais devant lequel Dark Vador ne semble pas faire le malin. Pour détruire la base, les rebelles échafaudent un plan, d'autant plus que l'Empereur est sur l'étoile de la mort, occasion rêvé. On découvre donc d'autres personnages de l'alliance rebelle : Chris Madine, Mon Mothma, l'amiral Ackbar (et sa fameuse réplique : "it's a trap") ou encore Niemb Numb à la tête pas possible. Bref, le film se montre encore généreux en offrant une armée de nouveaux personnages avec tous un charisme que les CGI actuels ne peuvent qu'effleurer, de loin.


Voilà nos héros sur Endor, une Lune forestière, nouveau décor donc pour la saga. Ils y rencontrent des peluches - et là le film dérive dangereusement, les Ewoks, prévus pour le marketing. Ils ne servent pas à grand chose. En revanche les batailles finales sont grandioses - la poursuite en motojet est une prouesse pour l'époque - : spatiales, terrestres et duel au sabre. Tout ici est fort et épique à l'extrême. Les ultimes révélations sur la famille Skywalker (Leia), la rédemption du père qui tue l'empereur dans une scène mémorable fonctionnent bien. Vador derrière son masque exprime tout son conflit intérieur et finit par redevenir humain, c'est touchant, c'est grisant à souhait, le père et le fils enfin réunis. Le film termine de boucler l'histoire de la trilogie ainsi, servi par une musique sublime.


Tout y est plus fort, plus extrême, plus épique : les scènes de batailles, pour l'époque, sont dantesques et l'assaut de l'étoile de la mort reste une des meilleures batailles spatiales de la saga avec pléthore de vaisseaux, c'est la totale.


Reste que la surenchère était déjà là et prête par la suite à devenir la cause de l'amoindrissement de la saga. L'épisode boucle néanmoins la trilogie originelle de manière grandiose, malgré un final à l'eau de rose un peu ridicule, sauvé par l'apparition fantomatique de Yoda, Obi Wan et Anakin au côté de Luke.


Le piège de la mauvaise suite est évité, du moins jusqu'au prochain film.

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le 10 nov. 2017

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Tom_Ab

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