Si cet épisode dégage un parfum plus disneyen, c’est qu’il transpire de cette sève merveilleuse des forêts millénaires faites de contes et de légendes.


Un astre sylvain habité par des ewoks – véritables enfants perdus, petits guerriers absurdes à la recherche de leur Léia / Wendy, émerveillés devant le ménestrel mécanique qui leur mime les 2 précédents épisodes en forme de comptine. Un Empereur du Mal - sorcier maléfique paré d’une robe sinistre et masqué par la grimace d’une vieillesse morbide, prince d’une lune artificielle et lugubre, destructrice des mondes, ne vivant que pour empoisonner l’Innocence de sa pomme. Luke Skywalker, s’envolant tel Peter Pan au bout de la planche d’un navire de pirates, surplombant une Mer de Dunes infinie. Ou Han Solo, bel endormi réveillé par le baiser de sa belle…


Et pourtant, Le Retour du Jedi est une conclusion bien plus originale et complexe qu'il n'y parait, s’éloignant d’une belle façon du cheminement théorique trop balisé du monomythe campbellien que la saga suivait jusque là, et qui la menait sûrement vers la mise à mort, si logique et pourtant si froide, de sa figure paternelle maléfique.


Développant une narration d’avantage ancrée dans l'oralité (le conte dans le conte, des dialogues plus présents et incantatoires - préfigurant déjà la prélogie) et renouant avec l'imagerie séminale du conte enfantin, cet ultime volet se pare des apparats les plus simples et les plus naïfs pour mieux illustrer le paradoxe du passage à l'âge adulte, l'acceptation de sa part sombre et de ses origines – le père et l’enfant qu’on laisse derrière soit.


Au parcours de s’achever sur une magnifique conclusion, vectrice de tolérance et doucement nostalgique, où la plus belle des victoires est d'avoir su réveiller la bonté à l'intérieur de cette icône malfaisante et définitive qu’était Dark Vador.


Plus ésotérique et moins psychanalytique que L'Empire contre-attaque, plus fantasy que science-fiction aussi : là où L'Empire contre-attaque finissait par un ballet de vaisseaux en orbite autour d’une superbe nébuleuse cousine d’Andromède, Le Retour du Jedi se termine dans la simplicité d'une nature enfin retrouvée, dans l'apaisement et dans une forme d'harmonie reconquise, comme pour retourner au terreau séculaire d’où cette saga si chère à mon cœur a émergé.


Et pour le mélange déroutant - mais ô combien jouissif pour le gamin que j’étais - de burlesque et d’épique, pour sa façon magistrale de chorégraphier l’accélération (la poursuite en moto-jet, la bataille spatiale finale qui reste encore trente ans plus tard LE monument indétrônable du genre), pour la beauté simple qui émerge au détour d’une scène où un frère et une sœur partagent le souvenir d’une mère oubliée, ou rêvée, pour le sourire final de ces 3 pères enfin réconciliés, Le Retour du Jedi fait parti de ces quelques précieux morceaux d’enfance pour lequel l’effet du temps sur moi et l’effet du temps sur lui n’ont toujours pas entamé toute l’affection que je lui porte.

Omael
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Morceaux d'enfance #2 - Mon Cœur de Dragon et 1983

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le 21 avr. 2014

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Omael

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