Pour commencer, remercions comme promis Guyness qui m’a fait me rendre compte que parmi les bonus de mes DVD, désignées en petits caractères sur la jaquette, comme honteusement, se trouvent effectivement les versions originales de la trilogie, les versions propres, sans pré-tireur intempestif, sans dinosaures adipeux sur Tatooïne, sans colorations rosées derrière la cité des nuages et, pour ce qui concerne cet épisode, sans la pire scène de music-hall du monde avec des dessins animés numériques embarrassants chez Jabba, les feux d’artifices de jeux vidéo et sans le rajout scandaleux de Hayden Christensen en fantôme de fin…

Quelque part, faire semblant que les spectateurs sont incapables de faire la part historique des choses et de savoir que la trilogie a été tournée bien avant la prélogie c’est les prendre pour des crétins, en dehors même de l’incroyable gâchis du résultat. Personnellement, malgré tout mon amour pour l’album, j’ai toujours été choqué lorsqu’on présente à Tintin dans les Cigares du Pharaon un épisode de ses aventures qui n’existe pas encore…

Cela étant, si ce cornichon m’avait prévenu avant, je ne me serais pas autant souillé les yeux sur les deux premiers. Précisons en outre que, contrairement aux avis de mauvais augure, le format de ce troisième épisode était respecté ce qui doit en faire la seule version existante de l’œuvre originale en DVD, ce dégénéré de Lucas ayant fait son possible pour massacrer jusqu’à la seule partie intéressante de son travail…

Alors que dire de ce dernier épisode que vous ne sachiez pas déjà tous par cœur… Marquand ne sert ici que de tâcheron, bien, sûr, repéré par Lucas par son L'Arme à l'oeil il se charge des affaires courantes comme un assistant de luxe... Le film commence dans la suite directe du second, à la recherche du Han perdu et du congélo décoratif… Mélange improbable entre Mad Max et de l’héroïque fantasy, l’introduction se regarde sans déplaisir, même si le côté remake de la scène du bar fonctionne beaucoup moins bien, avec en particulier la présence d’un éléphant en peluche bleu, degré zéro de l’imagination extra-terrestre (bien entendu les créatures numériques rajoutées seront encore pire et descendront largement sous ce seuil, mais de toute façon, on ne cesse de vous répéter que ces versions remaniées n’existent pas…). On regrettera aussi de voir évacuer Boba Fett de façon un peu ridicule après avoir fait bien des efforts pour lui gonfler son rôle à la cour de Jabba... A noter qu’en Jedi, Mark Hamill est aussi crédible qu’un crapaud défiguré en moine bouddhiste, il en rajoute une couche bien grasse sur le côté sérieux qui ne lui va pas du tout, surtout s’il s’agit d’imposer une quelconque autorité du haut de son charisme de ragondin syphilitique. Avec ça, un jeu de merlan frit qui n’aide toujours pas à se passionner pour les gesticulations de ce pauvre Luke, définitivement plus supportable en pécore niaiseux sorti de sa moissonneuse-batteuse qu’en paladin vêtu de noir sauveur de l’univers connu.

Pour le reste, très vite, c’est l’aventure à l’ancienne, le village primitif tout droit sorti de Tarzan, des scènes de motos volantes qu’on essaie de filmer comme les poursuites à cheval de la Forteresse cachée, le final en trois parties qui intéressent plus ou moins (Luke m’emmerde toujours autant, mais c’est important pour l’histoire, par contre, Le Millenium sans Han avec ce sous-étron de Lando aux commandes ne m’intéresse plus, surtout si c'est un poisson rouge qui sert d'amiral à l'alliance…).

A force de croiser ici et là des plans majestueux qui entreront dans l’imaginaire collectif (il y a en particulier le plus ravissant hublot de l’histoire du hublot), on commence à comprendre qu’il se passe dans la trilogie exactement l’inverse de ce que Peter Jackson fera du Seigneur des anneaux. Alors que l’un invente, créé, impose les images mythiques qui forgeront les pistes de ce qui deviendra cette nébuleuse foisonnante que les plus fous d’entre vous connaissent bien, l’autre se contentera de partir de la nébuleuse équivalente venue de l’œuvre de Tolkien pour recopier tout simplement les images parvenues jusqu’à lui... Seule une grande capacité d’ignorance pourra considérer ces deux démarches sur un même plan…

On continue à attribuer à chaque planète son écosystème monochrome, après le désert, la neige, les marais, les nuages, voici la lune forestière d’Endor et la faune qui va avec…

Parce que, bien sûr, il y a les Ewoks. Pris par son amour du merchandising et déjà bouffé par son envie stupide de prétendre faire plaisir à des gosses qui n’en ont cure (son excuse future pour Jar Jar, c’est vous dire…), Lucas ne se contente pas de raboter le final en laissant Han survivre, son vaisseau intact et autres joyeusetés en feu d’artifice, non, il nous impose une bande de peluches toute prête à concurrencer les bisounours sur le petit écran des tout petits…

Etrangement, j’ai plutôt envie de relever deux petites choses positives valables pour l’ensemble de la série.

Tout d’abord, le côté cour des miracles des créatures, un rendez-vous de freaks pour donner du corps aux personnages, le tout maigre, la bande de nains, le géant… tous les moyens sont bons pour donner de l’épaisseur à ce que le spectateur voit sur l’écran, un aspect vivant qu’aucun effet spécial n’a jamais pu rendre et qui donne encore aujourd’hui à cette série tout son intérêt.

Ensuite, C3PO a beau pratiquer six millions de formes de communication et servir au besoin d’interprète, ce qui est assez merveilleux ici c’est de voir comment, la plupart du temps, les dialectes les plus barbares, les bip-bips de R2D2 les onomatopées en tous genres ne nécessitent finalement aucune traduction, ce qui nous transporte presque dans la simplicité géniale du langage Schtroumpf, merveilleuse porte d’entrée dans le monde et garant d’une immersion rarement vue dans le genre.

Et si on tient compte des partitions toujours magistrales de John Williams et de l’abattage excellentissime d’un Harrison Ford au sommet de sa forme on comprend un peu mieux pourquoi on tient ici la meilleure saga intergalactique de l’histoire.

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le 6 juin 2013

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Torpenn

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