Brexit dans la boue
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Un peu de Shakespeare par-ci, des libertés et facilités par-là comme avec les personnages, complètement à la ramasse ; Robert Pattinson en fou assoiffé de sang dont la principale activité est d'avoir un accent à couper au couteau chiant et de décapiter des enfants, Timothée Chalamet et son unique expression faciale et autres archétypes dont certains fonctionnent mieux que d'autres (à Falstaff, le combattant noble et ingénieux plus proche d'Ulysse que d'un véritable ivrogne anglais, on opposera le conseiller Williams Gascoigne, manipulateur mais qui offre au roi son désir de paix par la simple mais efficace tactique du bouc émissaire, si on en faisait quelque chose autrement qu'un petit discours balancé comme ça, ça pourrait être intéressant)...
Sans être connaisseur de la Guerre de Cent Ans, période où se déroule les aventures d'Henri V, quelques vérifications suffisent à se rendre compte qu'on est (assez) loin d'un travail sérieux sur la période montrée à l'écran (au cas où la prestation de Pattinson ne nous aurait pas déjà aiguillé), ce qui est dommage parce que le film est assez joli et à quelques scènes qui fonctionnent plutôt bien ainsi que de très belles images de villes, de campagnes, de réseaux sociaux, d'armures, et de costumes ; le fétichiste des trébuchets que je suis a également été comblé de voir ces machines en pleine destruction de château. Aussi, la scène de la bataille d'Azincourt si elle manque de rigueur historique, a au moins le mérite de nous montrer des mêlés médiévales plus réalistes qu'à l'accoutumé où des types qui portent 50 kilos d'armures arrivent à faire des triples salto arrière tout en maniant leur épée comme un Sorceleur et en tortillant du cul avant de lâcher un dab furtif sur les corps de leurs adversaires. Et on voit même un cascadeur tout en armure se ramasser un cheval en pleine gueule. Plaisant. Et puis on se roule dans la boue, on glisse... comme un pogo au Hellfest.
On sent bien que l'Histoire a été passé à la moulinette du récit grand public tant on retrouve ces anachronismes au niveau des personnages (Henri V tro 1 avanse sure sn tamp !) qu'au niveau de la narration. C'est celle d'un type qui fuit ses responsabilités et qui doit les assumer parce qu'il n'a pas le choix tout en chouinant et pour dire qu'au fond, il a bon fond. On connaît, on a déjà vu mieux ailleurs, sûrement mieux chez Shakespeare d'ailleurs. Le rythme n'est pas excessivement rapide, on prend son temps, et on suit notre héros monofacial à travers les diverses discussions qu'il entretient avec ses conseillers.
Tout n'est pas à jeter ; l'imagerie du film est assez bien foutue et on se baladerait volontiers dans ces plaines verdoyantes et boueuses ou dans ces villes pour y voir quelques décapitations à la hache, et quelques scènes valent vraiment le coup d’œil. Pour le reste, ''historique'' et ''biopic'' sont des termes assez mal choisis et il en reste pas grand-chose à la fin du visionnage... si, qu'il faut que je lise Shakespeare.
Créée
le 21 nov. 2019
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