Dans le domaine du cinéma populaire qui bastonne, Jerry Bruckheimer est un maître d'efficacité. Bien entouré par un Antoine Fuqua dont on sait qu'il peut conférer une vraie aspérité à des personnages stéréotypés et par une distribution "de gueules", il nous propose une relecture révisionniste, un peu aberrante mais excitante de l'origine de la légende du Roi Arthur, qui ne fait, au final, ni un bon ni un mauvais film...
… Pas vraiment un bon film, car "le Roi Arthur" échoue assez largement dans son traitement ambitieux des problèmes éthiques, moraux et politiques qu'il prétend traiter et qui ne sont pas négligeables (en vrac, la responsabilité des colonisateurs, la nature des racines de chacun, etc...), vite transformés en vagues clichés hollywoodiens lors de scènes dialoguées très faibles...
… Pas non plus la série B ou Z que l'on aurait pu craindre, car Fuqua réussissant - surtout dans sa version Director's Cut, plus profonde - à faire souffler un peu de la légende et de la barbarie sur l'écran, grâce sans doute à la crédibilité et à l'énergie dépensée par des acteurs qui, pour une fois, ne sont pas des stars hollywoodiennes paraissant déplacées au milieu des combats. A noter quelques belles scènes - en particulier la bataille sur le lac gelé, qui contient plus de bonnes idées que tout le reste du film -, au service d'une vision "originale" de cette période historique il est vrai peu connue qu'est la fin de l'Empire Romain.
[Critique écrite en 2004 et 2005, mise en forme en 2018]