Les batailles dans toute leur splendeur

Hollywood n’a aucune notion de réalité historique. Quand un film s’annonce comme inspiré de faits réels, je retiens surtout le mot « inspiré ». Quand un film déclare se baser sur des découvertes archéologiques pour rétablir la vérité sur l’Histoire, ça me fait sourire. Je considérerai comme pure fiction tout film historique n’ayant pas été réalisé par un professeur d’université, et encore !
Donc non, je n’ai pas été choquée de voir des cinéastes américains (encore) cracher sur l’histoire européenne. Ce que je demande à un film, ce n’est pas d’éviter les anachronismes, c’est d’éviter les incohérences. Et pas les incohérences historiques, hein ! Je vous y prends, à essayer de me faire dire ce que je n’ai pas dit ! Les incohérences de scénario, de personnages, de décors. De batailles. On les trouve toutes, à la pelle. Les personnages sont stupides, et (quel dommage pour des chefs de guerre) n’ont. Aucun. Sens. Stratégique.

Un scénariste/réalisateur/producteur/chorégraphe ou tout ce qui touche à ça n’a pas forcément lu des traités militaires, des récits de bataille, même de la bonne vieille fantasy. Ils n’ont pas forcément lu tout court. MAIS QU’ILS SE FASSENT CONSEILLER !

Les scènes de bataille à l’arme blanche sont traditionnellement ratées dans le cinéma, et le public ne le remarque pas ou ne s’en soucie pas – parce qu’il ne réfléchit pas plus que les commandant débiles de ces batailles.
Exemple qui spoil (au cas où quelqu’un voudrait vraiment voir ce film) :
Les Saxons veulent attaquer le mur d’Hadrien. Jusque-là, ce n’st pas encore trop trop ridicule, mais la logique s’arrête ici. Ils attaquent le fort romain. Avec beaucoup d’indulgence, on pourrait se dire que c’est la seule porte du mur, la seule voie d’accès vers le sud. Sauf que les Pictes passent leur temps à passer d’un côté à l’autre de ce même mur, sans demander l’autorisation à la garnison romaine. Mauvais départ pour le chef saxon. Pire : avec quoi attaqueriez-vous un mur fortifié, vous ? Echelles ? Béliers ? Armes de siège (les Pictes en ont bien, ça doit se trouver dans le coin) ? Ben non. Les Saxons ont leurs épées et leurs arbalètes (oui, je vous ai dit, on ne trouve pas la réalité historique dans un film). Du coup, vous seriez le commandant romain, vous vous diriez « Chouette, on se bat contre des débiles ! Aller les gars, on amène les arcs et la poix, c’est soirée barbecue ! ». Sauf que non. La garnison romaine se barre. Parce que les Saxons sont trop nombreux. Qu’ils soient coincés derrière un mur infranchissable par la magie du scénario et réduits à gratter à la porte jusqu’à ce qu’on leur ouvre ne les fait pas changer d’avis. Ah, les légions romaines ! Encore une réputation surfaite.

Je pourrais continuer comme ça longtemps, parce que toutes les scènes où quelqu’un a une arme en main (et il y en a beaucoup) sont ratées. Ou stupides. Chez moi, c’est synonyme.

Sinon, c’est la misère un peu partout. Les personnages sont odieusement stéréotypés. Tristan est subitement catapulté chevalier de la table ronde (vous ne connaissez pas la célèbre geste de Tristan et Guenièvre ?). Les chevaliers présentés comme des cavaliers hors pair, ce qui leur a valu leur intégration dans l’armée romaine, ne se déplacent qu’au galop. Je ne savais pas qu’un bon cavalier tuait son cheval. Guenièvre est une archère, ou un capitaine, ou une épéiste, je ne sais pas, et liée au chef picte. Par contre, capturée, torturée et mise à moisir dans un cachot, personne ne bouge pour la tirer de là. Merci la famille.

Même avec toutes les béquilles de plus ou moins bonne foi qu’on lui mettra, ce scénario continuera de branler dans le manche.

Quelles sont les études pour devenir scénariste ? On apprend à se relire, vous croyez ?