Interminable bande annonce(quand est-ce que le film commence?)

Il y en a tant eu des rois Arthur, des Excalibur et Camelot... rien d'étonnant à la volonté de dépoussiérer la légende, les Monthy Python l'avaient bien fait forts de leur identité anglaise, leur humour anglais. Ici, nous avons un Arthur étrangement contemporain, Robin des bois des banlieues, ex-motard rocker à la coupe impeccable, génie de l'entourloupe et du je-m’en-foutisme, fanfaron imbu de lui-même et agaçant par ses efforts pour coller à un rôle qui n'évolue pas d'un bout à l'autre du film. Comme une image plaquée sur un décor, le héros qui se serait trompé de film. L'idée aurait pu être drôle si elle ne se heurtait pas en permanence aux irruptions soudaines d'un environnement blockbuster à fond, effets spéciaux, décors gigantesques, tout un savoir faire bien rôdé mais détonnant avec notre Arthur décalé soudain rapetissé, incapable d'assumer le lyrisme de sa situation.
Les acteurs je suppose font du mieux qu'ils peuvent, Jude Law est bien raide dans son rôle de méchant torturé dont l’ambiguïté peine à convaincre dans ce contexte indécis.
Difficile de se maintenir à flot sur la longueur, rythme nerveux, ralentis accélérés, musique percu-rock-celtique, montage alterné entre différentes époques, réparties contemporaines délibérément vides de signification, puis action frénétique, envolées spectaculaires, puis mythique émotion tout aussitôt dégonflée. Pas moyen de se situer dans un pays, une époque, un esprit, un film!
Il y a un rôle, il y a une légende, il y a des moyens et ça tire à hue et à dia, voulant trop en faire jusqu'à l'inconsistance par manque d'une ossature solide et cohérente. Des effets et pas de substance!
Passons sur les libertés prises avec le récit original, il en a toujours été ainsi depuis que la légende fut rédigée par des moines, c'est la mise en forme, patchwork et recyclage qui nous balade d'ambiances connues en paysages familiers évoquant moins la légende d' Arthur que bien d'autres aventures cinématographiques: décors monumentaux, bestioles exotiques, magie futuriste, effets spéciaux plein la vue. Le montage saccadé, l'abus du flashforward dans certaines séquences d'action nous ramènent à Sherlock Holmes(inévitablement Arthur se mue en génie de l'entourloupe ou de la stratégie préparant le casse du siècle, bizarre déconvenue), mais l'humour qui en découle à peine suscité, sombre déjà, usé par la répétition ou une soudaine irruption de grandiloquence pseudo-romantique. Le film ne trouve pas sa voie, son style, bourré d'influences qui déconcertent, il ne parvient pas à installer un climat cohérent, comme tiraillé entre légèreté et obligation de coller au mythe en plaçant ses effets spectaculaires. Le rythme se voulant alerte, enlevé a l'effet inverse et lasse par les longueurs des raccourcis répétitifs, on galope frénétiquement dans l'inconsistance, on avale des dialogues superflus, on passe du coq à l'âne, de la légèreté à des scènes grandioses et lyriques comme s'il fallait remplir l'emplacement prévu pour les décors et les effets spéciaux. A la fin, c'est comme si j'avais vu une interminable bande annonce, alternant, action, reparties, clichés instantanés sans lien ni cohérence, effleuré, chaotique, décousu. Et quand est-ce que j'aurais le vrai film?

boomba
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le 20 oct. 2017

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boomba

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