Guiraudie fait partie des rares réalisateurs français à filmer la province et - bien plus rares encore - de ceux qui ne la filment pas comme un lieu de villégiature. L'auteur ne se limite cependant pas à cette première originalité : c'est carrément un monde/une esthétique qu'il invente, en "réduisant" (L'inconnu du lac) ou en distordant (Le roi de l'évasion) l'univers dans lequel l'action a lieu. Le partie pris n'est ni réaliste, ni idéalisé, ni abscon : il est inédit (mais cohérent) et se découvre tout au long du film. Pendant le visionnage, on se demande sans cesse "dans cette France, dans cette réinterprétation de l'époque contemporaine, dans cette dimension parallèle, quelle est la perception de l'homosexualité par la société ? A quelle point y considère-t'on comme excentrique l'amour de la jeune et jolie Curly pour un quarantenaire au physique ingrat ?"