Il y a déjà une décennie, Zach Braff, essentiellement connu pour son rôle de médecin déjanté dans l'excellente série Scrubs, se révélait au monde comme un superbe réalisateur dans Garden State. Dix ans après, le revoilà derrière la caméra pour son second film, Le Rôle de ma vie. Ce dernier aura mis du temps à voir le jour, et a même dû compter sur le soutien de ses fans via une campagne de crowdfunding sur la plate-forme Kisckstarter. Beaucoup de temps et d'effort, donc, pour un réalisateur qui a déjà acquis le statut de culte en un seul film.

Car à travers Garden State, Zach Braff avait su faire preuve d'une grande sensibilité dans sa mise en scène, créant un univers poétique et absurde, empreint d'une certaine nostalgie de l'enfance. Le Rôle de ma vie, en ce sens, pourrait être la suite des aventures d'Andrew Largeman, le personnage principal. Le film est à nouveau centré sur un acteur raté tentant désespérément de s'accrocher à ses rêves, et qui a du mal à se faire à sa vie d'adulte responsable. Le thème de la famille est cette fois au cœur du scénario, ainsi que celui de la construction de l'identité. Et l'on retrouve une nouvelle fois le père absent.

On pourrait craindre un goût de réchauffé, mais il n'en est rien. Braff parvient à conserver son univers et à le développer à travers ce père de famille, confronté à la maladie de son propre père et donc à sa place dans cette famille sur trois générations. Le réalisateur a grandi, son propos a pris en maturité, mais son écriture reste toujours aussi fraîche et empreinte d'une humour délicieusement absurde. On regrette toutefois quelques longueurs dans le scénario, qui s'égare parfois et semble chercher son propos vers la fin du film, se perdant dans des sous-intrigues qui nuisent au rythme de l'ensemble.

Pour son grand retour à la mise en scène sur grand écran, Zach Braff retrouve l'empreinte qui avait tant marqué les spectateurs dans Garden State. Rien de particulièrement novateur à la réalisation, mais une ambiance toujours aussi légère. Il prête une nouvelle fois ses traits au personnage principal, auquel il imprime une nouvelle fois sa personnalité. Tel Woody Allen, il se crée ainsi un avatar sur pellicule, qui n'est à chaque fois jamais le même, sans être toutefois différent. Braff sait aussi s'entourer, et son duo avec Kate Hudson fait merveille, tant l'alchimie entre les deux rayonne à l'écran. Il a également fait appel à quelques uns de ses amis, et c'est avec plaisir que le fan de Scrubs verra apparaître quelques visages familiers.

Sans atteindre la force émotionnelle ou la maîtrise d'un Garden State auquel il sera immanquablement comparé, Le Rôle de ma vie confirme Zach Braff comme un réalisateur à l'univers très personnel, riche en émotions et doté d'un humour léger et décalé. Il est juste regrettable qu'il ne soit pas plus souvent sollicité. Vivement 2024.
Hyunkel
7
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le 16 août 2014

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Hyunkel

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