étrange c'est étrange dit l'ange

Je crois que je ne verrai jamais un film de Tarkovski sans m'endormir devant (pas longtemps, juste 5 minutes, mais c'est 5 minutes que je ne verrai jamais).
Stalker c'était peut-être le premier vrai grand film que je voyais, et ça date. Mais depuis je n'ai jamais retrouvé ce que j'avais adoré dans Stalker dans les autres films de Tarkovski. J'avais cependant beaucoup aimé Solaris également, mais les autres m'avaient profondément déçu, voir ennuyé.

Et le sacrifice est un peu entre les deux. Autant des films comme le Miroir, je regarde ça, ça ne me parle à aucun moment, c'est magnifique, mais je reste totalement en dehors du truc, autant le sacrifice c'est plus compliqué.

En fait je connaissais l'histoire avant de voir le film (le docu de Marker disait pas mal de choses) et j'en attendais pas mal de certaines scènes (et même du film en entier). Cependant j'ai l'impression que le film alterne les scènes qui parviennent à me toucher et puis celles où je m'en fous juste.

En général je préfère les scènes en extérieur, avec cette valeur de plan, cette plongée, qu'on retrouve justement dans Stalker et le côté plan séquence dont on ne sait jamais quand il va s'arrêter.
Si ça ne m'émeut pas forcément non plus, c'est assez grandiose et fascinant.

Je pense que le cinéma de Tarkovski est trop sur-travaillé pour moi. J'aime lorsque c'est peut-être moins technique mais que tu sens l'âme des personnages. La technicité ne me fait pas vibrer plus que ça. Du coup en fait j'ai regardé ce film comme j'aurai regardé une peinture splendide mais qui ne me touche pas. C'est le moment où je m'intéresse à la technique (ce dont je me fous dans un film que j'adore vraiment, parce que c'est pas intéressant pour un sous de savoir comment c'est fait, ce qui compte c'est l'émotion qui en résulte).

Cependant il a cette fascination, je ne me suis pas ennuyé plus que ça parce que justement j'étais comme hypnotisé par ces mouvements de caméra, cette photographie parfaite (chef op' de Bergman si je ne dis pas de conneries) et je me suis rappelé ce que disais Marker dans le docu, Tarkovski met dans ses plans ses symboles des éléments. Et dans le film du coup a beaucoup beaucoup de terre, d'eau, d'air et on attend le feu. Et là, c'est assez grandiose.

En fait il se dégage quelque chose du film qui fait que ça me parle malgré tout, mais d'une façon que je ne saurai pas forcément expliquer, disons qu'on sent que c'est habité, qu'il se passe un truc. Comme il se passait un truc dans la zone de Stalker.

Il y a néanmoins une scène qui m'a touché, lorsque le facteur vient lui dire d'aller voir Maria et toute la séquence qui s'en suit. Il y avait ce lien très étroit entre le surnaturel et le vrai tel qu'on peut l'expérimenter dans la vie de tous les jours. Vous savez lorsque l'on arrive pas à dormir, que l'on se fait des promesses à soi-même pour revenir sur un événement en espérant que ça va s'arranger... et puis là une solution miracle semble sortir de nulle part, mais si avec le recul elle est totalement absurde... Il y a quelque chose là.

Je pense que c'est un film dont je ne vais pas garder beaucoup de souvenirs, mais dont les bribes que je vais garder vont se bonifier dans mon esprit.
Moizi
7
Écrit par

Créée

le 11 août 2014

Critique lue 2.3K fois

14 j'aime

4 commentaires

Moizi

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

14
4

D'autres avis sur Le Sacrifice

Le Sacrifice
DanielO
10

Critique de Le Sacrifice par DanielO

"Offret" est une oeuvre sur ce que la vie peut parfois avoir à la fois de plus absurde et de sublime. C'est le récit d'un homme dont l'existence en apparence paisible s'interrompt brutalement par...

le 3 nov. 2013

53 j'aime

23

Le Sacrifice
Docteur_Jivago
8

Au commencement était le verbe...

Au crépuscule de sa vie, et de sa carrière, Andreï Tarkovski observe et surtout écoute le monde qui l'entoure, la nature et l'âme humaine. Il se retire sur une île suédoise, sur invitation d'Ingmar...

le 8 juin 2015

34 j'aime

3

Le Sacrifice
SanFelice
10

Le Crépuscule des mots

Le générique du Sacrifice comprend déjà plusieurs des thèmes qui seront développés dans le film. Le spectateur peut y entendre Erbarme Dich, un extrait de La Passion selon Saint Matthieu, de...

le 16 juin 2018

34 j'aime

19

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

488 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

301 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

240 j'aime

61