Il est pour moi infiniment difficile d'écrire une critique sur ce film. Difficile, tant mon objectivité avec en demeure affreusement faible. Ce "chef-d'oeuvre" (puisque pas un seul mot ne le décrit mieux) me parle d'une façon incroyable. Ses thèmes, ses sujets, parfois même ses scènes ; absolument tout me rappelle ou me font directement penser à un évènement de ma vie. Car Brokeback Mountain de son vrai nom, n'est pas qu'un film qui traite de l'homosexualité ; ni même un film qui traite de la vie de couple. Brokeback Mountain, c'est avant toute chose, un film sur l'amour. Il est donc logique (pour les êtres qui sur cette terre possèdent un cœur en tous cas) de se sentir touché, même si la relation ne nous parle pas plus que ça.


Dès les premières notes de guitare, le ton de l'histoire est posé (ou du moins celui de la première partie). On retient de ce morceau d'ouverture: une intense douceur, un calme apaisant, un air de vie quotidienne d'une sobriété presque malheureuse. Mais à travers la caméra d'Ang Lee, le poème prend une tournure différente. Peu à peu au fil de l'histoire, les gros plans sur les visages transmettent l'émotion d'une amitié. Puis bientôt, d'une romance... Au milieu de ce havre de paix, filmé d'une justesse folle (notamment grâce à des plans d'ensemble beaux et soignés) naît alors la plus belle strophe de Brokeback Mountain. L'innocence et l'amour, mis en scène d'une manière rarement vue au cinéma, prennent place dans les montagnes silencieuses. C'est l'amour d'une vie qui apparaît alors pour les deux amants. Le moment le plus tendre et heureux de leur existence. Mais arrive bientôt un jour où une barrière vient s'interposer entre eux et leurs sentiments. Alors, quand le son de la guitare de Gustavo Santaolalla commence tout juste à s'essouffler, il est déjà l'heure des adieux. C'est la fin d'une époque tendre. La seule qui aura vraiment marquée leur vie. Le reste après, quand on le découvre, paraît bien fade à côté de tous ces instants idyllique. C'est ainsi que se clôt leur jeunesse. C'est ainsi qu'ils disent au revoir à Brokeback Mountain. Et c'est comme cela qu'arrivent, les dures lois de l'amour...


A la fin de cette première partie, c'est une carapace qui se brise. Ennis, froid et dur, laisse éclater sa colère et son chagrin. Son cœur explose. Ses yeux pleurent. Les nôtres aussi. En à peine une demi-heure de film (qui s'enchaîne d'ailleurs à une vitesse extraordinaire), le réalisateur parvient à nous faire voyager et à nous émouvoir. On comprend qui est Ennis, on comprend qui est Jack. On comprend que la suite va être dure...


Et même si c'est sans doute, la partie la plus intéressante et la plus poussée, je n'en parlerai pas. Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle nous en aura fait du mal, cette seconde partie. Mais je laisse l'occasion à ceux qui n'ont (toujours) pas vu le film, de ressentir l'émotion par eux même.


Enfin j'aimerai conclure cette critique, en insistant sur le fait que Brokeback Mountain n'est pas qu'une romance lambda comme certains pourrait le croire. Brokeback Mountain c'est l'amour d'une vie, racontée avant tout par l'image et la musique. C'est l'aventure tragique de deux hommes ; deux hommes qui s'aiment. C'est l'histoire d'une existence pas comme les autres, tantôt féerique, tantôt misérable. C'est la leçon qui nous indique que le fait de vivre sans l'autre est impossible lorsque l'on s'aime vraiment. Les "amours impossibles" au cinéma, sont souvent d'une tristesse incommensurable. Cependant celui-ci est différent. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Brokeback Mountain dans son ultime message ne nous dit pas de renoncer à nos amours dit "impossibles". A l'inverse, il nous dit d'oser. D'aller vivre au Wyoming dans les sommets, entouré de moutons, ou bien dans un chalet isolé. Malgré le fait que les protagonistes renient toute leur vie le fait d'exister, c'est finalement leur rêve à eux que l'on retient. C'est donc ça Brokeback Mountain. Au bout d'un seul visionnage le film nous semble triste (bon même au bout de deux je pleure toujours autant mais bref ^^') , mais en fin de compte, on peut l'interpréter à notre façon, ce film. Pour moi, Brokeback Mountain c'est une ode à l'amour, et bien plus en encore. Il nous en montre les chagrins, mais aussi les bonheurs. Et il nous désigne en toute fin, un signe du cœur. Une présence toujours là. Une chemise pour nous rappeler notre amour. Car après tout c'est peut-être ça Brokeback Mountain. L'amour...



Jack, I swear...


ArtWind
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le 27 oct. 2020

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ArtWind

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