En revoyant ce film, je me dis que vraiment, Spielberg a toujours produit le même genre de films. Sauf qu'il vaut mieux (re)découvrir ses anciens projets que ses nouveaux souvent moins inventifs. Autre particularité, en regardant ce jeune Sherlock Holmes à l'école, je ne pouvais m'empêcher d'établir un parallèle avec le célèbre sorcier Harry Potter. Il y a quelque chose de semblables dans les deux histoires, quelque chose en rapport avec des gosses trop pressés de grandir, un monde de violence dans lequel ils plongent volontairement et tout un mystère tenu par les adultes.

Young Sherlock Holmes est un film très divertissant. Le revoir à l'âge adulte n'enlève rien de sa fraîcheur. pourtant, il faut l'admettre, le scénario n'est pas très glorieux. Déjà je n'aime pas le genre Sherlock et autre Dr House, où les conflits se résolvent sans participation du spectateur. En effet; dans ces deux univers, les héros font face à des énigmes qu'il nous est impossible de résoudre nous même, car toutes les données ne nous sont pas accessibles. Le spectateur doit se contenter de regarder le personnage principal réfléchir. Le pire, c'est de faire croire qu'il est intelligent, alors qu'en fait il n'en est rien, ce sont juste des dei ex machinae ; on nous fait croire que c'est logique, voire élémentaire, alros qu'en fait c'est tout bonnement impossible d'arriver à de telles conclusions. D'ailleurs, le plus terrible, c'est lorsque Sherlock/House pense à un détail superflu et passe à côté d'une énormité à peine cachée... Par exemple, Holmes découvre que les deux premières victimes ont fait école ensemble... mais pas que son maître (qui se fera tuer quelques plans plus tard) l'a été aussi! Il aurait alors pu empêcher la tragédie. On pourra dire que c'est de l'ironie.

Heureusement, les conflits de ce film retraçant la soi disant première enquête de Holmes et Watson ne reposent pas uniquement sur ces théories fumeuses. Je dirai même que ces éléments sont secondaires à l'intrigue, qu'ils ne sont qu'un moyen d'impressionner son spectateur, une facilité scénaristique pour reprendre le terme de Carpenter (c'est-à-dire susciter un choc avec peu de choses). On est dans le spectaculaire, un peu comme une explosion dans l'espace dans les films Star Wars. Les vrais conflits sont eux normaux, je veux dire typiques d'un film : des ennemis à affronter en se battant, mais aussi un conflit interne, l'émotion pour Holmes qui se doit de la dominer. C'est déjà plus intéressant.

Mais là encore, on n'est pas dans une histoire solide. Il y a des retournements de situation qui ramolissent le rythme du film, il y a toujours quelques incohérences, il y a surtout une grande part de prévisibilité. En effet, les méchants sont très vites identifiables, et toute l'enquête paraît assez ridiculement étirée.

Que reste-t-il alors de bon dans ce scénario qui justifie cette note? Il reste des personnages, une ambiance bon enfant décomplexée. Probablement que l'auteur savait que son scénario ne tenait pas la route mais il s'en fichait, il voulait juste raconter un truc avec des gosses. Et même il décide de situer l'amitié entre le détective et le docteur à un jeune âge pour y ajouter un intérêt supplémentaire. Les dialogues sont d'ailleurs assez efficaces : les blagues sont drôles et les théories fumeuses de gosses se prenant pour des grands a de quoi toucher.

Si le scénario laisse franchement à désirer, donc, il reste aussi la mise en scène qui est foutrement réussie. Barry Levinson débute et pourtant il maîtrise déjà bien sa caméra. Certains plans sont gratuits, certes, mais il n'en fait pas trop. Ensuite, il réussit à dépeindre Londres comme on l'aime : du brouillard, du mystère, des cimetières, une pleine lune... que d'éléments gothiques! L'ambiance est donc au beau fixe renforçant ainsi le décalage entre l'âge des héros et la gravité de la situation.

Ce n'est pas tout. les effets spéciaux sont hallucinants. A vrai dire, je n'ai pas réusi à situer ce film dans le temps. Tout au long du film je me demandais si le film avait été réalisé dans les années 90 ou 80. Et si je ne l'avais pas vu étant petit et s'il n'y avait pas eu de stop motion dedans, j'aurais même pu avancer début 2000! Car oui les effets sont réussis comme jamais ça ne l'a été auparavant et même encore aujourd'hui peu de films parviennent à ce niveau de perfection. Déjà le stopmotion est indemodables. Et même la technique fait qu'il passe de plus en plus inaperçu lorsqu'on incruste la partie animée dans le film. Ensuite il y a la célèbre séquence des vitraux en CGI. Le premier personnage réalisé de la sorte! Et c'est tellement bien foutu! Bon la raison pour laquelle ça amrche, c'est qu'il s'agit d'un vitrail animé, donc un dessin, et non une vraie personne. Cela prouve que els effets spéciaux doivent être utilisés avec intelligence. Des monstres comme dans les épisodes 1, 2 et 3 de sta wars seront plus vite démodés parce que ça doit être réaliste, ici on est dans l'imaginaire et ça représente un dessin de vitrail animé... les erreurs de textures passent donc plus facilement inaperçues. Les réalisateurs devraient donc réfléchir à deux fois avant d'utiliser des effets CGI, car il y a de fortes chance que leur film fasse 'vieux' très vite.

Bref, Young Sherlock Holmes est une histoire d'aventure qui vaut pour l'ambiance, les personnages, les dialogues et les effets spéciaux. L'histoire estquant à elle prévisible et mal ficelée, mais n'empêche pas de passer un bon moment.
Fatpooper
7
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le 23 oct. 2012

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8 j'aime

Fatpooper

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