A la vue des toutes premières bandes-annonces de la trilogie du Seigneur des Anneaux, votre serviteur ne croyait ni plus ni moins qu'à une énième fresque médiévale historique, pompeuse et chiante comme la mort; genre qui avait fini par l'ennuyer profondément.


[Bon faut dire aussi qu'à l'époque, morveux de 11 ans que j'étais et qui passait ses journées baigné dans un univers à mi-chemin entre les Jedi, les apprentis-sorciers et les extra-terrestres, mes attentes n'étaient clairement pas les mêmes qu'aujourd'hui.]


L'initiation se fit en trois temps:


1 - Un reportage sur TF1 qui me révéla que l'intrigue se déroulait "dans un monde fabuleux rempli de trolls, d'elfes et de magiciens" (Bin merde alors !), avec une première image du Troll des cavernes en prime pour bien m'induire en erreur.


2 - Un pote de classe avisé, seul membre du groupe à avoir visionné le film a sa sortie, qui à chaque récré ne loupait aucune occasion de nous vanter les hauts-faits des Elfes, de nous faire affronter des Orques dans notre imaginaire et de nous mettre en garde contre les dangers des Mines de la Moria.


3 - Une virée chez mes cousins en Bretagne qui s'annonçait des plus banales, jusqu'à temps que je constate un film en lecture sur une petite télé minable à écran convexe. La scène, je m'en rappelle très bien: c'était lorsque Bilbon cherchait Gandalf du regard, juste après l'avoir fait rentrer dans Cul-de-sac. "C'est koâââ ?" demandais-je, intrigué. La réponse fusa comme une décharge électrique: "Sérieux ? Sans blague ??" "Ouais. Tu veux regarder avec nous ?" - "Mais carrément!" Et mon frère de constater, après quelques coups d'œil sur la boîte de la VHS toutes les vingt minutes : "2h97... et bah les gens, on n'est pas près d'avoir fini !"


Et comment qu'on n'en avait pas fini.


J'en profite pour énumérer vite-fait les passages qui m'avaient le plus marqué à l'époque : cet inquiétant et mystérieux personnage qui répétait sans cesse d'une façon presque malsaine "Mon... précieuuuux", la traque dans la Comté qui n'était pas sans rappeler celle des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale (il n'y a qu'à voir le nom des Cavaliers Noirs qui sonne étrangement proche de celui des agents du IIIème Reich), cette menace omniprésente personnifiée par un œil en flammes menaçant, ce mal-être constant se manifestant par le biais d'une "si petite chose" à la volonté retorse et perverse...


Et puis il y avait ce prologue, avec cette musique ensorcelante et cette voix qui parlait dans un langage charmeur et incompréhensible, ces personnages tous plus attachants les uns que les autres (le gaffeur de première qui se faisait tout le temps engueuler pour ses bourdes, le pot de colle grassouillet et ses incessants et saoulant "Monsieur Frodon !" et bien sûr le blondinet ultra-badass qui décochait quinze-mille flèches à la minute, pour ne citer qu'eux), ces ennemis aux tronches aussi terrifiantes que dépaysantes, et surtout deux des scènes de mort les plus émouvantes et les mieux mises en scène tous genres confondus...


Ne serait-ce pour en profiter toujours plus, ou essayer de comprendre des détails qui nous avait échappé au précédent visionnage (par exemple, j'étais tellement paumé qu'au début j'avais cru qu'Isengard et le Mordor était un seul et même lieu), tous les prétextes étaient bons pour engouffrer encore et encore cette sacrée cassette dans le magnétoscope. Au final nous nous mations le film en boucle tellement de fois que la quasi-totalité de nos vacances du y passer.


Et comme vous devez vous en douter, ce n'était que le début.


Ne pensant être guère plus qu'un amateur parmi tant d'autres de l'œuvre de Peter Jackson adaptée de celle de Tolkien, il m'a semblé plus approprié de raconter ce qui m'a fait entrer dans cet univers hors du commun, dont j'ai appris plus tard qu'un certain George Lucas s'était notamment inspiré pour créer ma saga préférée. Ce qui est fort significatif car s'il n'y avait pas eu Le Seigneur des Anneaux, il n'y aurait donc sans doute pas eu Star Wars.


Et s'il n'y avait pas eu Star Wars, ma saga de cinéma préférée serait sans doute Le Seigneur des Anneaux.


Pour terminer, ma dernière façon d'expérimenter ce film fut dans sa version longue de 219 min - dernière en date de visionnage, celles des Deux Tours et du Retour du Roi n'ayant à l'heure actuelle plus aucun secret pour moi - et en VOST.


C'est lorsque vous redécouvrez un film sous un jour nouveau, tout en ayant l'impression de le connaître depuis toujours, que vous réalisez à quel point il s'agit d'un chef d'œuvre.


Magistral. Incontournable. Enchanteur.


Merci encore, John. Et merci encore, Peter.

Créée

le 17 janv. 2013

Modifiée

le 10 juin 2013

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reastweent

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