La question du deuxième volet est toujours problématique. Car si on est quasi-assuré de rentrer dans ses frais à tous les coups, c'est surtout grâce au bon souvenir laissé par l'entrée. Mais s'il y a bien une chose d'encore plus vrai, c'est qu'un pétard mouillé en guise de plat de résistance peut facilement crisper les spectateurs qui salivaient. Et là, bonne chance pour se rattraper au dessert.
Ça, c'est le cas d'école. Mais il y également les exceptions.
Et à ce titre, les Deux Tours peut s'enorgueillir de faire partie des contre-exemples les plus marquants. La deuxième étape dans le voyage de Frodon pour aller détruire l'Anneau de Sauron est un délice encore plus intense que la première. Alors que leur parcours se révèle des plus harassants, le héros Hobbit et son ami Sam Genji découvrent assez tôt qu'ils ne sont pas seuls à arpenter la route vers la Montagne du Destin. Au même moment, Aragorn, Gimli et Legolas, lancés à la poursuite des Uruk-Hai ayant enlevé Pippin et Merry, font la connaissance du roi Theoden et de son peuple, en proie à la désespérance. Pour ne rien arranger, Saroumane lève une armée de plusieurs milliers d'Uruk Hai, bien décidés à en finir avec la race des Hommes.
Avec ce nouvel opus, Peter Jackson terrasse une fois pour toute la concurrence. Si La Communauté de l’Anneau posait les enjeux, Les Deux Tours déplace chacun de ses protagonistes avec une cohésion juste éblouissante. Et au milieu de cette partie d’échecs, le réalisateur néo-Zélandais nous offre des scènes de batailles mémorables (l’assaut du Gouffre de Helm ne risque pas d’être oublié de sitôt). D’une manière encore plus spectaculaire que dans le premier volet, les effets spéciaux se confondent magnifiquement avec le réel. Les créations rivalisent de beauté (les loups d’Isengard, les Ombres Ailées, les Ents).
Mais la plus belle d’entre toutes, c’est sans conteste Gollum. À lui seul, ce personnage est une claque visuelle. Le choix de le créer à partir de la performance capture (effectuée de manière démentielle par Andy Serkis) y est pour beaucoup, et une preuve supplémentaire du génie de Jackson. Encore une fois, les 3 heures ne sont nullement handicapantes car parfaitement utilisées. Et la version longue de 3h30 est encore meilleure, car offrant une latitude plus impressionnante aux (nombreux) personnages. Les acteurs sont, comme pour le premier volet, unanimement parfaits. Et Howard Shore les accompagne toujours avec une musique qui relève du grand art. Une réussite du même niveau que la Communauté de l’Anneau, voire même au-dessus.