On prend les mêmes et... on continue ! Ici Frodon, campé par un très bon Elijah Wood, entame une sorte de parcours initiatique, une aventure intimiste. Il doit apprendre à faire confiance, à discerner le bien du mal, à lutter contre l'unique. Il devient plus que jamais auparavant le personnage clé de l'histoire, épaulé par un Sam Gamegie loin d'être cantonné au rôle de faire valoir. Pour les autres protagonistes, une sanglante bataille s'annonce afin de faire vaciller Sarumane.
Ce deuxième volet a donc plus ou moins les qualités qu'on pouvait retrouver dans le premier opus sans les rares lourdeurs dans la réalisation qui l'handicapait (à peine). là, Peter Jackson paraît réellement à l'aise objectif en main. On retrouve cette caméra souvent très mobile, ces plans d'ensemble soulignant la beauté des Terres du Milieu. Les idées de mise en scène se multiplient, on saluera entre autre un dialogue entre Gollum et... lui même, très efficace. On notera aussi certaines séquences esthétiquement irréprochable, notamment ces sublimes passages dans la forêt de Fangorn, ainsi que de nombreux plans réellement impressionnants de par leur composition et leur beauté.
Les nombreux défis techniques (les armées d'orcs, les ents...) semblent presque avoir été relevés avec aisance par le réalisateur néo-zélandais tant le résultat est saisissant, le point d'orgue étant l'épique, l'intense bataille du Gouffre de Helm. On retrouve en outre la toujours aussi prodigieuse composition d'Howard Shore, soulignant à chaque fois merveilleusement ce qui se passe à l'écran.
Les lurons de la communauté de l'anneau gagnent en épaisseur en s'éloignant de leur archétype de base, on a par exemple Pipin et Merry, qui ne se cantonnent plus au simple rôle de ressort comique. On a aussi certains personnages plus nuancés qui sont introduits (comme Gollum), contrastant avec l'apparent manichéisme de l'univers dépeint. Des amitiés surprenantes naissent (Legolas et Gimili), d'autres se fragilisent (Frodon et Sam), les rebondissements et les moments de bravoure se multiplient, tout cela faisant naître un tourbillon d'émotion ne pouvant laisser impassible.
Le seul défaut est peut-être du au montage alterné, les différents personnages s'étant séparés. Il est en effet possible de sentir naître une certaine frustration quand, par exemple, pris dans l'intensité de la bataille du gouffre de Helm, le film décide soudainement de se concentrer sur sur d'autres personnages. A mon humble avis, les aventures vécues par les différents protagonistes auraient gagnés à être moins découpés afin de préserver l'entièreté de leur efficacité. C'est cependant un défaut mineur n’entachant pas réellement la qualité globale de l'oeuvre.
"Les Deux Tours" est donc une suite à la hauteur du premier opus, blockbuster d'une efficacité sans pareil, alternant entre intimiste et spectaculaire épique et ne se contentant pas d'être un bête épisode de transition. Un chef d’œuvre.